14 octobre 2014

Avec ou sans réformes, vers une autre chaise musicale.

Crédit image Hebdoblog
Crédit image Hebdoblog

 

Ce n’est pas un exercice facile que de parler de la politique dans mon pays, le Togo. Au pire des cas vous disparaissez de la surface de la terre, au moins pire vous finissez en prison, et si vous êtes chanceux vous vous faites simplement pointer du doigt dans votre communauté. Nos parents nous ont tellement prévenus qu’on s’en est fait un leitmotiv : attention pas de politique même avec les ami(e)s. On ne sait pas qui est le traître. (l’histoire de Sankara et Lumumba nous renseigne énormément.) Déjà qu’entre vieux et personnes adultes la méfiance est aigüe et qu’il est difficile de s’entretenir aisément sur des sujets politiques sans avoir à craindre des représailles, pour un jeunot comme moi, blogueur de surcroît, la crainte est beaucoup plus poussée. Hahaha ! Quelle crainte même ? Tchibaaa…

Excusez-moi chers lecteurs, tellement préoccupé par la situation politique de mon pays, je n’ai même pas eu la décence de vous placez une salutation. J’espère que vous vous portez comme un charme. ((je peux continuer ? D’accord, top c’est parti)

Fort heureusement, je suis de cette génération qui malgré de multiples risques, prend sur elle l’engagement de s’aventurer sur des terrains obscures avec pour éclairage une plume. (Oui oui, c’est bien naïf. Avec une plume vous pensez changer quoi hein ? Ce qu’il leur faut ces dirigeants rétifs, taciturnes, récalcitrants, ce n’est pas une plume de coq hein, c’est du coton-tige. Avec ça on sait quand leur oreilles commencent à être propre.)

N’en déplaisent à leur austères humeurs, nous diront toujours ce que nous pensons. (Ou bien les gars ? Héhéhé… quel silence ! Huuum ça se comprend…)

L’histoire du Togo est saupoudrée, jonchée voire émaillée de tellement de crises politiques depuis l’avènement de la Démocratie en 1990 qu’on en est arrivé à un semblant d’accalmie seulement qu’avec un accord politique global (A.P.G) qui a donné un regain d’espoir à tout le peuple Togolais en 2006. (Je vous épargne toutes ces tueries qu’il y a eu, les blessures d’avant et pendant l’année 2005 peinent à se cicatriser. Nul besoin d’en rajouter) Cet accord dessinait les grandes orientations de gestion et de reformes qui étaient indispensables pour l’apaisement du climat politique au Togo. Malheureusement, la bonne foi n’étant pas Togolais cet accord n’a été mise en œuvre qu’en ses quelques dispositions liminaires. Pourquoi ? Allez y savoir…

Il a fallu bien des années plus tard, soit six ans après, pour que la question vitale des réformes institutionnelles et constitutionnelles prévu dans l’A.P.G refasse surface. Pourquoi ? Parce qu’entre cette tentative de coup d’état, ces arrestations pour escroquerie internationale et la traque des véritables pyromanes du grand-marché de Lomé et de Kara, nul n’y avait véritablement pensé. Quelle honte pour la démocratie !

C’est donc à ces quelques mois de la fin du second mandat du Chef de l’état, Faure Gnassingbé, et à l’approche d’une nouvelle échéance électorale que les différents acteurs ont commencé à gesticuler de gauche et à droite. L’avant dernier, l’appel des évêques et des pasteurs du Togo a donné suite à la dernière gesticulation en date, la sortie controversée du Président de la Cour Constitutionnelle du Togo, Abdou Assouma.

« La page des réformes est tournée depuis le 30 juin à la suite du rejet par l’assemblée nationale du projet de loi sur les réformes. Tous les citoyens doivent se plier à ce choix opéré par les élus du peuple. La classe politique doit plutôt s’atteler aujourd’hui à une organisation apaisée de l’élection présidentielle de 2015 »

Image crédit Tv7
Image crédit Tv7

Cette sortie a été au centre de toutes les réactions puisqu’à l’évidence une question était sur toutes les lèvres : si le garant de la constitutionnalité de la Loi, celui sensé proclamer les résultats définitifs des prochaines élections se positionne ainsi, quel sera l’issu du scrutin de 2015 ? Partial ou impartial ? (Bien entendu petit juriste que je suis, je ne saurais répondre de façon plausible, je me tais donc) La politique et le droit n’est-ce pas que c’est pour les grands, ou bien ? Tchibaaa…

La réaction des partis politiques comme le CAR et l’ANC, le NET et la CDPA… etc, des organisations de la société civile (la Plateforme citoyenne justice et vérité (PCJV)), des organismes de défense des droits de l’homme (ODDH), témoigne de l’irritation que cette déclaration a provoqué. Pour faire court, ce n’est qu’une autre intervention, celle du Chef de la Délégation de l’Union Européenne qui a donné un regain d’espoir à cette question des réformes.

Image crédit Guillaume.
Image crédit Guillaume.

Mais qu’en est-il réellement ? Au milieu de tout ça il convient de s’interroger sur à qui profite vraiment les réformes ? Aux politiciens ou au peuple ? Mais là c’est un autre débat ! (Il fera l’objet d’un autre billet)

Il ne serait pas superfétatoire de rappeler les dispositions de l’article 21-3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 aux termes duquel «La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».

La situation commandait, mieux, exigeait la formation d’une coalition des partis politiques de l’opposition, d’un «candidat unique» pour espérer battre le candidat du parti UNIR, parti du président sortant. Loin s’en faut ! L’hégémonie des uns et des autres, leur intérêt personnel a pris le dessus. (On pensait pouvoir apprendre des autres, mais Togolais n’est pas Sénégalais hein !)

Comme à l’accoutumée, on se rend compte qu’au milieu de tous ces appels le gouvernement place déjà ses pions. M. Abdou Assouma à la Cour Constitutionnelle, M. Taffa Tabiou à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), M. Massina Yotroféï à la Gendarmerie Nationale… etc… Pourquoi ? Suivez mon regard…

Autant donc se demander, si les mêmes causes produisent les mêmes effets, les mêmes hommes ne produiraient-ils pas les mêmes résultats ?

Bien à vous !

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