26 novembre 2014

Silence, je parle !

Crédit image : quartierlibre.ca
Crédit image : quartierlibre.ca

Le souci est que nous autres jeunots de cette génération après l’effondrement du mur de Berlin, c’est que le régime cinquantenaire Togolais a complètement bouleversé nos habitudes. On a cette réserve que nos parents et d’autres peuples voisins n’eûmes tu et ne savent taire certaines choses pour ménager l’égo des gens. Le renouveau, ce régime cinquantenaire qui nous dirige a complètement changé nos habitudes au quotidien. L’opportunisme et l’arrivisme ont rendus certains hypocrites et tartuffes. L’intimidation et la crainte ont rendus d’autres faibles et désespérés. Nous souffrons cruellement à la fois d’exemplarité et de sincérité. Alors pour combler ce vide on se laisse aller à des jeux de mots comme « acte civique, notion de bien public, citoyenneté, émergence, vision. » Etc…

Je me suis laissé tellement emporter que j’en ai presque oublié de vous placer quelques mots de politesse. N’est-ce pas que quand on a mal, qu’on veut tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre, on fait parler sa plume ? Passons…

Bien le Bonjour à vous chers lectrices et chers lecteurs.

Vendredi 15 Août 2014, il est 16h00min GMT, l’ennui mon fidèle compagnon me collant un peu trop, je décide de surfer un peu sur le net. Je n’ai pas eu le temps d’activer mes données mobiles qu’un sms mystérieux m’est parvenu. Un sms du troisième opérateur de téléphonie mobile, Moov, m’invitant à un Summer party, officiellement un Moov Summer Time to dance à 15h. Je me suis dit, même si je dois voir qu’une infime partie, allons-y, ça ne pouvait pas être pire que mon ennui.

Voulant donc casser avec la routine des dimanches soir ennuyeux, je pris mon téléphone et j’informai Cédric, un de mes fidèles amis, pour qu’il se joigne à moi. Le temps que je prenne une douche et que je sois dans l’embarras de quoi porter, il arriva. Vu que personnellement il m’est difficile d’exhiber mes caleçons fleuris sous des jeans rattrapés au genou avec des ceintures ( comme tous ces jeunes de la tendance hip-hop ) ou de porter de grosses chaussures fluo ( Timberland, Supra… ) et avoir du mal à soulever les pieds, mon embarras pour quoi porter a duré pendant un sacré temps. Ah ! Attention, avec les variétés de look que nous offre l’occident, que reprennent par mimétisme nos frères et sœurs, il est devenu plus que nécessaire de savoir quoi porter lorsque vous allez à ces trucs de jeunes. Une chose est sûre, tous les styles seront au rendez-vous, autant en avoir un. Ou bien ? Mais il fallait que je choisisse avec minutie, ma pauvre image d’étudiant juriste en dépendait.

Je me décidai enfin à une simple chemise blanche, à un pantalon noir et à une chaussure Air Max de couleur blanche. Cédric et moi, quittions donc la maison tout heureux d’humecter l’air frais de la plage, de profiter du spectacle des supposés « groupes de danse », bref d’avoir une soirée hors du commun. Hourra, hourra ! Ça sentait la distraction à fond.

Nous arrivions à la Plage en face de l’hôtel de la Paix (emplacement occupé dernièrement par les soûlards pour la fête de la Bière) vers 17h croyant que le décor serait planté depuis déjà deux heures. Erreur ! Il n’en était rien. Les organisateurs, avaient-ils perdus la notion du temps ? Me suis-je demandé.

Ces derniers réglages des Dj, ces one two test (testicule 1, testicule2), auraient fini par nous casser les tympans. Il fallait donc qu’on s’en éloigne. A défaut de voir le montage du podium, nous fîmes quelques pas dans le sable fin de la plage allant donc vers la mer. Nous y passâmes quelques minutes quand il commença à se faire un froid glacial.

N’ayant pas d’accoutrements adaptés, puisque n’ayant pas prévu qu’il ferait un tel froid digne de faire regretter la chaleur de l’Afrique à ces frères noirs qui partent vivre en Alaska, nous sommes revenus nous adosser au mur d’entrée qui nous donnait un aperçu du public et du podium. Et ceci jusqu’à ce que ces jeunes, cigarettes à la main, fumant comme une cheminée nous fasse regretter d’être venus à cet endroit de la plage. Nous sommes donc repartis vers le public pour éviter l’air embué de fumée qu’ils crachotaient ci et là.

Et si on rentrait ? Me lança Cédric. Oui, lui ai-je répondu. Nous sommes sortis de l’enceinte du spectacle, avons pris notre moto, prenant la voie en direction du boulevard du 13 Janvier, le boulevard de déckon.

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Mon téléphone commença à sonner quand nous étions au feu tricolore. Intrigué par les nombreuses vibrations qui s’en suivaient, j’ai décidé de me mettre sur le côté pour voir qui tenait autant à me joindre. Sans m’en rendre compte, je venais de commettre le péché de lex majesté ( en tout cas c’est ce que l’expression du visage du grand monsieur, tenant en main une kalachnikov semblait dire ) . Tout ensuite s’est passé si vite, de l’instant entre mon « allô, bonsoir boss » à celui de mon interpellation, de la descente de ma moto au « qu’y a-t-il monsieur l’agent ? » de Cédric, le colausse était en train de faire rentrer ma vieille Sanili ts-125-6 dans cette enceinte qui n’avait rien d’un commissariat. Le policier en faction venait ainsi de faire une bonne prise.

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J’étais confu, furieux et sur le point de lui refaire son cour de droit administratif s’agissant d’un de mes nombreux chapitres dont il se venterait en disant « tu penses que quoi, j’ai fait du droit administratif à l’école de police moi! », quand Cédric m’a laissé entendre que nous étions en infraction, semblerait que nous venons de stationner devant un commissariat.

Une infraction ? Où est le panneau indiquant un stationnement interdit ? Lui ai-je jeté à la figure. Le temps que je me retourne, l’agent en faction nous lançait « vous les jeunes là, vous pensez que vous connaissez tout quoi » « Mais monsieur, pourquoi vous nous arrêtez ? On ne faisait que… » Je n’ai pas eu le temps de terminer ma phrase que j’ai entendu « silence, je parle. C’est moi qui pose les questions ici » comme pour m’intimider. Je retins mon souffle un moment, laissant ce Hitler continuer sa fameuse explication. « Vous, vous ne savez pas qu’on ne stationne pas devant un commissariat ? ». « C’est ce que je vous dis souvent », rétorqua un autre agent sorti de nulle part, « ces petits d’aujourd’hui ne savent rien de la vie » J’ai eu envie de lui demander « vie et stationnement » quel est le rapport mais le côté rebelle de ma personnalité avait perdu les mots depuis qu’on lui a dit que devant les policiers Togolais il faut être docile pour éviter l’aggravation de sa situation. Ma gorge était donc nouée sans que je ne m’en rende compte.

Après moult concertation entre policiers, un troisième agent est venu vers nous en nous disant. « Les gars, donnez quelque chose. Sinon vous revenez demain avec 15.000fr »

Wow ! C’était donc pour ça ? Pour soutirer quelques billets aux paisibles citoyens, on érige une loi verbale comme quoi, stationner devant un commissariat de police c’était une infraction ? Ah ! C’est maintenant clair.

Le débat entre Cédric et moi se déclencha sur la possibilité de leur donner quelque chose ou non ? Si on leur donne quoi que ce soit, nous sommes des corrupteurs non ? C’est celui qui prend l’initiative de l’action qui corrompt ? Entre celui qui donne et celui qui reçoit. Qui est le corrupteur ? Ce n’est pas interdit par la loi, ça ?

Cet agent qui revenait de temps à autre vers nous, nous lançait un regard comme pour nous dire, décidez-vous vite.

Soulagée par notre conscience de ce que nous n’étions pas des corrupteurs, nous sommes finalement repartis après 3h d’attente et d’hésitation en leur lançant nous aussi ces regards inquisiteurs pour leur dire « Bande de corrompus que vous êtes ».

Bien à vous !

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Commentaires

Eteh K. ADZIMAHE
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Ahahahaha, un bloggeur réduit au silence se réfugie dans sa plume, lol ! "ne jamais stationner devant un commissariat" tu pourras penser à en faire une jurisprudence? lol !

Guillaume DJONDO
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Hahaha, je crois que j'en ferais vraiment une jurisprudence de prudence.

Merci !

Samson
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Ton billet me rappelle quelque chose.Il y a deux environ 1 mois quand je rentrais d'une bibliothèque,un gendarme reprochait à un taximan d'avoir stationné devant une Gendarmerie pour prendre un client.N'ayant pas mon permis,je me suis demandé"alors donc,c'est ça". Loin de te contredire,je pense que tellement on a l'esprit de critiquer la police que parfois il est difficile pour nous de reconnaitre parfois qu'on est en infraction.Parce qu'à force de punir les méchants,tu finiras par être haï. Pour le moment je connais pas encore la loi face au stationnement,j'ai pas encore fait une école de conduite,mais vu que j'ai assisté à la même scène au Sénégal,je pense(peut être à tort). Aussi les supra,on en porte plus hein.
Cordialement.