L’amour, moi et la religion.

26 décembre 2014

L’amour, moi et la religion.

Crédit image : alexandrajulien.com
Crédit image : alexandrajulien.com

Dimanche, 15 Juin 2014, il est 6h 45 min, comme à l’accoutumée je devais choisir entre aller à l’église ou faire la lessive. Ma semaine est souvent chargée et je n’ai pas vraiment le temps de laver mes chemises et mes pantalons sales. Tellement qu’elle est programmée, je n’ai d’autres choix que de sacrifier le Jour du Seigneur. Que le Tout Puissant m’en excuse, je suis vraiment un pécheur !

Mais ce Dimanche-là, rien n’était pareil. Habillé à quatre épingles et très matinal pour l’occasion, il aurait fallu de peu pour que l’on m’assimile au révérend pasteur Martin Luther King Jr. Souffrez de mon ego, j’aime à ressembler aux grands hommes pétris d’intelligence et de sagesse. Bible en main, j’étais parti pour arpenter quelques kilomètres, me rendant ainsi dans la zone aéroportuaire au sein d’une des plus grandes et somptueuses église de la capitale. Vous vous demandez certainement ce qui pouvait m’inciter à chambouler mon trin trin quotidien du dimanche. C’était en tout cas, comme le dirait l’autre, l’un de mes inhabituels dimanches; une véritable rupture avec mon droit commun du dimanche. Une rupture avec cette monotonie qui s’est installée dans ma vie pendant ces trois dernières années. En tout cas, pour faire plaisir à une personne qui compte énormément pour vous, qui a toujours  été là quand vous êtes au plus mal comme au plus bien, on est capable de tout. J’arrivais devant cette magnifique chapelle, que j’avais seulement l’habitude d’admirer et de deviner l’intérieur quand je prenais la voie qui passait devant elle pour me rendre à Bè Kpota, aux environs de 8h. Le culte était censé commencer à cette heure même, plus de temps à perdre. Tellement avait-elle insisté, pour cette occasion sanctionnant la fin de sa formation biblique, qu’il fallait que je sois là. Autrement, je crois que ma relation avec elle aurait pris un véritable coup.

A mon arrivée, je lui fis signe, et elle vint me chercher. J’avais hâte d’être à l’intérieur et d’apprécier de fond en comble l’ambiance qui y régnait. Elle me fit entrer et me confia à un de ces stewards, un de ces charmants garçons habillé de marron. Ce dernier m’emmena m’assoir au tout début de la deuxième rangée à gauche. J’étais confortablement assis et j’avais un aperçu satisfaisant, tout ce qu’il fallait à ma curieuse personne. Je ne manquais pas de jeter de temps à autre des coups d’œil à gauche comme à droite, devant comme derrière pour m’imprégner de ce qui s’y passait.

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Curieusement, j’ai remarqué que 9 fidèles sur 10 étaient somptueusement vêtus de costume et de chaussure bien cirée. Ils étaient particuliers, des coiffures et des styles pas courant, on aurait dit une véritable église Américaine au Togo. Dans ma tête, je me suis dit, c’est sûr, c’est l’église des riches. On aurait cru que j’étais, à un défilé de mode Fashion regroupant des acteurs de cinéma, des artistes, ou mieux, à une cérémonie de remise d’Oscar à Cannes. Ces dames et ces sœurs, fastueusement soit en robe, soit en pantalon et chemise, soit en jupe et costume, m’offraient de quoi zieuter. Je ne reluquais que la courbe que dessinait leur fessu. Seigneur! Cette fille, de teint café, magnifiquement belle, devant moi avec ce hanchement ne pouvait que me plonger dans un songe-creux. J’épiais le moindre de ses mouvements. Quand elle se déplaçait, je ne fixais qu’elle. Quand elle dansait, je ne fixais qu’elle. Même quand elle priait, je n’avais d’yeux que pour elle.

Peu à peu d’autres invités se joignirent à nous qui étions ponctuels. Je n’avais même pas remarqué que tous les sièges vides, à côté de moi, étaient subitement tous occupés. Ma rêvasserie fit une pause quand un des fidèles monta sur la magnifique estrade décorée de violet, gris et de bleu, prit le micro et nous invita à nous lever pour une prière d’ouverture. Ma frustration a toute suite surgis lorsqu’il commença sa prière en une langue qui m’est étrangère et qu’il prononçait, de surcroît, très rapidement. (Il paraît que c’est ADEYEYE : le parler en langue). Autour de moi, les autres fidèles se mirent à réciter des paroles presque aussi rapidement que lui. Oh! Seigneur ! Que dois-je faire ? Que dois-je dire ? Pour moi qui suis habitué à ne réciter que le  » notre père  » ou le  » je vous salue marie « , comprenez mon inquiétude. Atterré, je baissa la tête avec dédain, laissant ce fidèle inconnu prier pour moi. Savait-il ce dont j’avais besoin ? Certainement pas mais je n’eu d’autres choix que de me taire et de le laisser prier à ma place.

Quelques minutes après une horde de personnes fit son entrée dans la salle et s’installa au côté gauche de l’estrade. Cette place aménagée spécialement pour le pasteur et les responsables de l’église. Aux deux extrémités, on pouvait y voir une projection directe de ce qui se faisait dans la salle. Vient le moment de l’adoration, les cantates et les mélopées de cette chorale uniquement en Anglais retentissaient comme si c’était un spectacle que nous offrait les anges du ciel. Qu’est-ce qu’elles ont de belles voix les Togolaises, ou la la! L’orchestre a eu le mérite de nous tenir en haleine pendant près d’une heure et demie avec une myriade de plains chants. Tellement qu’on était tous énamouré de leur chansons, on ne voyait même pas le temps passé.

C’est la sueur sur nos fronts et nos chemises toutes mouillées qui s’en sont chargées. Ensuite le pasteur, ce monsieur chauve, de teint noir, de bleu vêtu, monta sur le podium et commença le culte. Il nous invita à ouvrir nos bibles et à lire Ephésiens Chapitre 33. Il se fit dans la grande enceinte, un silence de cimetière. Un silence qui faisait montre de la grande dévotion dont le pasteur faisait l’objet de la part de ses fidèles. Etait-ce du respect, de la considération ou une vénération ? C’était en tout cas, à n’en point douter, le Moïse des lieux. Pendant que je cherchais ma vieille bible, que j’avais entre temps soigneusement laissée dans ma chaise pour éviter de laisser certaines pages voleter, ces messieurs devant moi comme ces dames à ma droite sortirent leurs tablettes tout comme le pasteur pour y lire le passage cité. Waouh! Je n’en revenais pas, une église moderne où les tablettes sont les supports sur lesquels il faut lire la bible virtuelle. A défaut, les téléphones mobiles servaient de support pour certains fidèles. Pauvre de moi!!! Moi qui suis tellement attaché à ma traditionnelle bible.

Je regardais encore cette jolie fille, oui celle-là même. Elle était montée sur l’estrade et a remis un document au pasteur. Un recueil de cantique que le pasteur et cette fille, pardon cette femme qui se trouve être celle du pasteur ont composé pour les fidèles. Ma rêverie prit fin à ce moment même, je me suis dit : une si jolie fille pour ce Monsieur chauve ? Haha ! Comme si, les chauves ne pouvaient pas sortir avec de jolies filles. A y voir de près, elle paraissait avoir presque le même âge que son mari, le pasteur. Il fallait des fidèles pour acheter ce recueil. Pour son lancement, il fallait proposer des sommes pouvant propulser la vente massive du document. Ce sont des recueils spéciaux, a dit le pasteur.

Ayant commencé timidement, j’étais loin de voir venir la déferlante de propositions qui allaient faire magistralement leur entrée. Des cinquante milles que je trouvais déjà assez impressionnants, quelle grande ne fut pas ma surprise lorsque le monsieur d’à côté proposa de donner deux cent mille francs. Je pensais que le débat était clos quand derrière surgie une voix qui, elle offrira cinq cent mille francs. Cinq cent mille francs pour un document de seulement 15 pages ? Non de Dieu, j’étais stupéfié et ébouriffé, il fallait de peu pour que je sois éboulis.

Si seulement ces généreux donateurs étaient disposés à contribuer autant pour des causes plus nobles notamment financer la scolarité de certains orphelins, offrir un forage d’eau potable à Djarkpanga ou à Aklakou, distribuer des moustiquaires imprégnées à Kélegougan ou à Kémérida, l’église participerait considérablement à l’amélioration des conditions de vie. Il existe déjà des œuvres caritatives dans de telles églises tendant à assurer l’amélioration des conditions de vie des populations, me dira-t-on. Mais il n’en est rien! Pas surprenant, que les églises pullulent partout de nos jours. L’église est devenue un fonds de commerce, et chacun compte gracieusement sur la bonne volonté de ces généreux donateurs.

Soyez sans crainte, ce n’est point une fronde. S’il y avait une chose que Dieu lui-même me reprocherait, c’est bien mon impartialité.

Bien à vous!

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Commentaires

Daniele Castaigne
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Les sectes pullulent aussi à Madagascar, où il est de règle de donner 10% de ses revenus, même pour les plus pauvres. Pour les avoir approchées , il existe ce même genre de documents "exceptionnel" sous forme de livre, de CD ou de DVD, qui rien qu'en entrant en leur possession font des miracles...!
Les sectes, hélas bâtissent leur empire sur l'ignorance et la pauvreté, ce n'est point un scoop. Fausses bibles, faux miracles, fausses guérisons, faux pasteurs, fausses promesses et fausses révélations. Les malheureux fidèles sont alors pris dans un engrenage, où ils ne maîtrisent plus leur vie. Les sectes bien sûr, sous couvert d'amour, contrôlent toutes les vies, les mariages, l'éducation des enfants, les salaires, les dépenses, les fréquentations.

Les fidèles sont comme hypnotisés et possédés, mais selon le gouvernement malgache, il n'existe aucune secte ici seulement des religions !

Cher ami, si vous voulez vous entrer en communion avec Dieu, faites une belle ballade en bord de mer, ou en forêt, seul et parlez lui. C'est accessible à tout le monde, efficace, libre et gratuit.

Guillaume DJONDO
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Merci d'être passée par ici.

Mes amitiés !