Billet 100 : drôle de parcours
Bien le bonjour chers lecteurs,
Faites comme moi, asseyez-vous. Bref… Faisons-le ensemble. Asseyons-nous un moment, vous et moi. Méditons, réfléchissons, analysons… Alignez les expressions que vous voulez, à la suite. Je vous l’autorise aujourd’hui. Ces deux années passés ensemble, Vous, à me lire et à commenter, Moi, à réfléchir et à rédiger, en sont les témoins. Deux années et plus pour certains, à vous fatiguer avec mes humeurs, mes habitudes et mes mésaventures. Deux longues années à vous livrer certains secrets de mon quotidien. La route a été longue, jalonnée d’heurs et de malheurs, d’obstacles et d’embûches, d’intenses moment de joie et de peines. Le bilan qui résultera de nos évaluations respectives sera déterminant pour la suite de cette tumultueuse aventure dans laquelle nous nous sommes lancés, vous et moi, depuis le 19 septembre 2014.
S’il n’était plus question à un moment donné d’écrire pour écrire, d’écrire pour décrire, d’écrire pour dire, d’écrire pour faire rire… il était urgent pour moi, au regard de l’importance que prenaient mes publications dans la communauté, de savoir quoi dire, comment le dire, et quand le dire.
Retour sur un parcours en zigzag.
J’ai commencé à bloguer dans une démarche purement désintéressée. J’étais riche de maux, de larmes, et de traumatismes qu’il me fallait absolument extérioriser, évacuer, exposer pour ne pas étouffer. Je sortais d’une rupture douloureuse et comme tout gentleman sensible, j’avais morflé. J’avais une rancœur qui naissait. Le blog s’est imposé à moi comme canal d’évacuation à ce moment-là. J’ai commencé avec des poèmes, ensuite des chroniques, enfin des billets expliquant mes convictions. Je pensais qu’en faisant cela, on me comprendrait mieux. Erreur ! On m’a plutôt détesté parce que j’exposais ce qui relevait de l’intimité sur la place publique.
Puisque ma rancœur grimpait, je me suis concentré sur le second facteur de mon traumatisme : l’Université de Lomé. Fort de ma Licence obtenue un an plus tôt en 2013, avant le début de cette aventure, il m’est resté de nombreuses choses en travers de la gorge que je voulais absolument étaler. Vous savez ? Les parents ne comprenaient pas pourquoi les autorités tenaient un discours sur l’accessibilité et la facilité qu’offre le système LMD alors que vous, leur fils ou filles, vous avez du mal à valider vos matières. Vous avez du mal à valider deux matières seulement pour terminer un parcours de 3 ans qui s’est déjà échelonné sur 4 ans. Il fallait revenir refaire les mêmes matières, l’année suivante.
Pour eux, cela relève de la paresse que d’autre chose. Il fallait donc leur révéler le dénuement, le désordre et la gabegie de cette jungle dans laquelle très peu d’étudiants survivent. Nous y étions entrés avec des chemises classiques piquées dans des pantalons bien repassés avec des chaussures bien cirées. Mais nous en sommes sortis avec des t-shirts, des culottes et des chaussures de sport. C’est l’équipement idéal d’un véritable étudiant togolais. Avec ça, vous pouvez affronter tout type de danger dans cette brousse : recherche de place, changement de salle, pluie, gaz lacrymogène, course poursuite, grève pour indisponibilité des allocations, etc… C’est une jungle et l’équipement que nous avions au départ n’était pas approprié du tout. Désolé, personne ne nous avait prévenus !
C’est ainsi que petit à petit, j’épluchais et épuisais les sujets sans m’en rendre compte. Au même moment, je grandissais. Mais, ne vous inquiétez pas, ça je m’en rendais compte avec les nombreux rasoirs que je payais. Il fallait donc innover pour ne pas tomber en désuétude, en suranné, frustre ou encore rustre.
Mise en place de la panacée.
Le plus dur, ce n’était pas de supporter les piques de ma mère quand je venais raser le mur de la cuisine comme un lézard de Notsè en cherchant mon déjeuner. Non ! Le plus dur, ce n’était pas non plus de supporter le regard de mon père quand on était au 4 du mois et que je me présentais pour demander mon argent de poche. Non ! Ce sont mes parents, il me supporteront tant que DIEU leur prêtera et leur renouvellera le souffle de vie.
Le plus dur, c’était les jours où il fallait se réveiller avec 100.Fcfa, moins parfois, alors que sa petite amie est en menstruation avec de douloureux maux de bas ventre et qu’il lui faut un tampon, l’accompagner à l’hôpital. Le plus dur, c’était les matins où en secouant sa poche, on y trouve une pièce de 500.Fcfa et qu’il fallait choisir entre payer du carburant pour aller à son stage et ne pas manger ou rester à la maison et se payer à manger.
Il fallait trouver une alternative en attendant de compter les millions que nos professeurs nous promettaient si on obtenait notre Licence. Une Licence qui a vite fait de nous montrer ses limites sur le marché de l’emploi. Il fallait s’autonomiser pour ne pas mourir de honte devant les nombreuses obligations qui commençaient à augmenter.
D’un amoureux de littérature, je suis devenu poète. D’un passionné de Relations Internationales, je suis passé à spécialiste des Marchés Publics. D’un mordu de l’Administration Publique, je suis devenu Serial Entrepreneur avec notre structure de Communication Digitale, Hikari Concept. D’un féru de Blog, je suis devenu Social Media Manager. Et tout ça dans un intervalle de deux ans. Comment j’ai fait ?
Je me suis formaté la tempe. J’ai mis les compteurs à zéro, et commencé à mettre à profit ma présence indéniable sur les internets. J’ai suivi des cours à distance, des tests de sélection, des MOOCs différents au même moment, parfois. Et au finish, je me suis retrouvé avec de nombreuses casquettes avec les cours sur la Poésie Numérique avec l’Université Paris 8, comment devenir Webconseiller et Consultant sur les Stratégies du Digital avec ORANGE, comment Informer et Communiquer sur les Réseaux Sociaux / faire du Journalisme Numérique et être Social Media Manager avec Rue 89 en partenariat avec l’Université de Stanford et Google. C’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui avec deux receuils de poésie : l’un tapuscrit, l’autre numérique, Chef projet Digital à Hikari Concept et un second blog www.guillaumedjondo.com
Instant de gratitude.
Puisque le clictivisme et le liketivisme sur les réseaux sociaux ne payent ni la bière, ni la facture, il m’échoit de rendre un vibrant hommage à des personnes formidables. Pour tout ce qu’on a partagé, pour tout ce qu’elles m’ont offert. Parce que sans elles, je n’aurais pas écrit ce centième billet. Sans elles, vous n’auriez pas lu depuis deux ans tout ce que j’ai écrit. Sans elles, j’aurais peut être commis des délits. Grâce à elles, je suis riche en sourire, en volonté à reconstruire, en liberté, en patience et en différence. Grâce à elles, je suis riche en humanité au point de pouvoir en donner en pourboire. S’il y a des gens dont j’ai forcé l’admiration dans la communauté togolaise aujourd’hui, qui m’adulent à chacun des clics, j’aimerais qu’ils sachent ceux à qui je dois mon vécu, mon inspiration.
En attendant de signer des chèques en millions pour vous rembourser, je dédie donc ce centième billet à mon pote Cédric pour les petites pièces de l’époque empruntées (et jusque-là non-remboursées) pour aller au cyber nourrir ce blog, à la grande sœur Essénam, à mon amie Esméralda, à ma conseillère particulière Acoco, à mon énergisant François… à tous ceux qui savent lire entre les lignes.
Bien à vous !
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