L’étudiant, la stagiaire et le faux directeur (Acte 1)
Les amours de jeunesse ont souvent cet arrière-goût amer qui vous fait croire que vous n’êtes pas digne de vivre l’amour tel que relaté dans les éditions Arlequins où tout se termine souvent bien pour les amoureux. Tout porte à croire que, lorsqu’on est étudiant, l’amour véritable n’est que douloureux. Le poids de la déception est tel que vous perdez confiance en l’autre. Submergé par la peine, perdu dans un monde en ruine, dévasté quelques fois entre deux examens… Il est bien difficile d’envisager l’avenir quand on a un chagrin d’amour à l’université. Et pourtant… Les allers-retours ne manquent pas à la cité. La douleur vous rend tellement indécis que vous ne savez pas s’il faut haïr ou pardonner pour avancer.
Bien le bonjour chers lecteurs ! Heureux de vous retrouver après tant de mois de séparation. Excusez ma paresse ces derniers temps… croyez-moi rien n’est plus facile quand on quitte le chômage pour un contrat de professionnalisation. Vous vous demandez sûrement qui est cette personne qui a trahi Guillaume au point de le transformer en philosophe. Rassurez-vous, je ne relate ici que la mésaventure amoureuse de mon plus vieil ami qui a aimé avec toutes ses tripes et qui a failli en mourir n’eut été le soutien de ses proches. Passé les larmes et la douleur, cette épreuve, dans laquelle il croyait mourir, l’a aidé aussi à grandir. Elle l’a éclairé sur sa capacité de résistance face à la séparation comme sur son aptitude à trouver, peu à peu, son autonomie affective.
Récit :
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Deuxième année de droit, assis dans les escaliers de l’amphi 500, parce que je n’ai pas pu venir à 5h pour me trouver une meilleure place. J’écoutais malgré moi le professeur AMOUDOKPO m’expliquer le droit du travail, tout en maugréant parce que j’avais du mal à prendre des notes. C’est dans cet inconfort que je vis venir vers moi Léandre, ce vieil ami tout souriant comme si nos fameuses tranches d’aides universitaires étaient sorties.
– Salut Guillaume, Comment vas-tu ?
– Salut Léandre, ce n’est pas la forme, j’en ai marre d’user mes fesses sur les marches glaciales de cet escalier sombre. Toutefois, j’irais mieux si tu partageais avec moi cette bonne nouvelle qui te rend si joyeux.
– Orrrh ! Vous les littéraires, vous me fatiguez avec vos longues phrases pour dire des choses simples. Désolé pour toi tchalé, mais moi je pourrais dormir dans cet escalier sombre, ça m’est égal du moment que j’y suis avec Patricia.
– Haha ! C’est donc ça, il faudrait déjà que tu lui fasses part de tes sentiments, lui ai-je répondu tout en riant.
(Léandre était amoureux depuis la première année de Patricia, une nymphe aux rondeurs africaines qui pouvaient faire renier le…à mon cher ami. Sacrilège ! Elle savait également mettre en valeur son teint noir ébène ce qui nous changeait des peaux dépigmentées de ses copines. Ses copines que nous appelons affectueusement les taxis VIP, puisqu’elles consomment en carburant (entendez ici par carburant « énergie » ou « argent ») Mais mon cher ami était si timide que toutes mes tentatives pour le pousser à dévoiler ses sentiments furent vaines.)
– Je vais te surprendre. Il y a deux semaines, j’ai invité Patricia à diner et j’en ai profité pour lui faire part de mes sentiments. Elle vient de me dire qu’elle acceptait de sortir avec moi pour que nous apprenions à mieux nous connaitre.
– Bingo ! Félicitations, gars ! Tu as enfin décidé de te comporter en jeune lion.
La joie de Léandre était si contagieuse que j’oubliais l’inconfort de ma place dans les escaliers. A la fin du cours, je proposais de lui offrir un bon jus de bissap au restaurant universitaire. Patate ! Le restaurant universitaire n’était pas ouvert ce jour-là. Nous étions en pleine grève. Six mois déjà que dure le bras de fer entre les étudiants et le corps professoral, avec à la tête des résistants ADOU Séibou et de l’autre côté le professeur AHADJI. Mon argent de poche n’aurait pas suffi à couvrir un déjeuner à deux à l’espace universitaire. C’est donc au marché noir, gayibor, que j’ai traîné Léandre pour un déjeuner succulent mais à petit prix.
Pendant que nous étions en train de manger, le vieux téléphone Nokia E71 de Léandre sonna. C’était Patricia au bout du fil.
A suivre…
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