Guillaume DJONDO

La CPI : Une justice des vainqueurs ou des vaincus ? (Partie I)

Baptisée sous le qualificatif d’une : « Cour des Etats puissants sur les Etats faibles », la Cour Pénale Internationale, peut se voir un jour désertée par les Etats-parties ; mais cette possibilité, pourrait – on le dire ne tient qu’à un fil. Cependant, et pour l’heure, il faut estimer que jusqu’alors, elle demeure la dernière cour au plan pénal qui puisse mieux gérer la question liée à l’impunité dans le monde. Par conséquent, une rétrospective s’impose, quant à l’avènement et le rôle qui caractérisent cette cour.

Créé dans le but de lutter efficacement contre l’impunité et d’assurer une garantie des droits de l’homme, la CPI est une cour pénale universelle, qui a vu le jour suite à une adoption du Statut de Rome entré en vigueur en 2002. Son existence est donc, une réponse à la prévention d’une éventuelle répression des crimes odieux touchant l’humanité telle que les confirment les deux grandes guerres mondiales survenues sous l’ère du droit inter-étatique. Ceci dit, Ayse CERHELI qualifie cette naissance de la cour de l’odyssée du 21ème siècle. Certes, il faut remonter à l’histoire pour dire qu’elle est née sous les décombres des tribunaux militaires ad’hoc de Nuremberg et de Tokyo.

Ainsi, il faut rappeler de manière minutieuse que l’avènement de ladite Cour a reçu l’acclamation de toute la Communauté Internationale et par ricochet, un soutien fort de la part des Etats africains et quelques Etats d’Amérique-Latine. Au total on compte 34 pays d’origine africaine et 26 pays d’origine latine qui ont signé le dit statut pour son entrée en vigueur. C’est dire donc que la relation CPI-Afrique fut jadis heureuse surtout avec la condamnation du congolais milicien M. Thomas Lubanga  en 2009 par la CPI pour avoir enrôlé des enfants soldats lors des conflits. Ladite condamnation reçut l’approbation de tous les Etats qui ont démontré à travers ce jugement, leur réelle détermination à travailler de concert avec la Cour contre l’impunité. Dans ce sens, on qualifie donc la relation Afrique-CPI « d’une relation d’amour ». Cette dernière est saisie suivant une trilogie classique :

  • par un Etat-partie,
  • par les pouvoirs proprio motu du Procureur,
  • et une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

I – La CPI : une cour africaine ?

Ce sont les affaires kenyanes (Uhuru Kenyatta pour les violences survenues dans son pays), soudanaises (Omar El-Beschir pour avoir commis des crimes odieux mais n’est toujours pas encore inquiété), ougandaises, congolaises (Jean-Pierre Bemba récemment acquitté), libyennes ( Abdallah Senoussi pour les crimes odieux commis sous le règne de Kadhafi) et ivoiriennes (Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pour les violences post-électorales de 2010-2011 ) qui ont déclenché aujourd’hui, la révolte de la plupart des Etats de la sous-région ouest africaine avec ladite cour.

En d’autres mots, il s’est manifesté « des relations de désamour » entre les dirigeants africains et le bureau du procureur de la CPI. Pour preuve on note cette déclaration faite par M. Jean-PING en 2009 qui écrivit : « la CPI est une cour crée uniquement que pour juger les Africains ». On s’interroge donc de savoir : la CPI dispose t- elle toujours d’un avenir propice, vu le désengagement actuel des Etats africains, qui lui font face en manifestant le désir d’un retrait général du statut de la CPI ?

II – La CPI : une mise en cause des actions pénales

De cette contestation générale de la CPI par les Etats africains, il en découle qu’une interrogation reste en suspens, encore : par exemple, sur quelle base la cour se sert – elle dans la compilation des éléments lui permettant d’enclencher une quelconque procédure pénale contre une éventuelle personne qui serait entrée dans le collimateur de la CPI ?

En l’occurrence, il faut préciser que ce sont les récents mandats d’arrêt émis par le CSNU à travers la Résolution 1790 contre la Lybie, celle de 1593 contre le soudanais Omar El-Beschir, la poursuite pénale engagée contre le Président kenyan Kenyatta qui conditionnent ainsi donc, la méfiance actuelle et un désaveu présent de la cour par les dits Etats. On a actuellement 29 affaires criminelles africaines pendantes devant le bureau du Procureur de la CPI.

L’autre question que l’on se pose : pourquoi le Bureau du Procureur de la CPI tarde à ouvrir le dossier syrien où sont perpétrés des crimes graves et d’autres affaires criminelles non-africaines qui sont restés jusqu’alors non résolus ? Avec toutes ces interrogations, le débat reste ouvert.

III – Afrique-CPI : Hypothèses de solutions envisageables :

L’hypothèse selon laquelle : « quand la politique entre dans le prétoire, le droit sort par la fenêtre » doit être réexaminée. Des hypothèses de solutions doivent être envisagées, en vue de décanter la relation « sous-tension » entre les dirigeants Africains et la CPI. Il s’agit notamment, pour :

  • la CPI d’inciter les Etats qui lui sont réticents à lui faire confiance même si la volonté étatique est le crédo à la prépondérance d’un Etat,
  • la CPI doit œuvrer pour une meilleure crédibilité de ses actions pénales en dotant de moyens efficaces et fiables ses équipes qui sont sur le terrain de l’enquête pénale,
  • la CPI doit pouvoir rationaliser ses saisines hors du continent africain : pourquoi ne pas réfléchir sur une possible mise en jeu de la responsabilité du Président SARKOZY, pour les crimes commis dans l’affaire libyenne, dont il serait visé pour inculpation ?
  • réformer l’article 27 du Statut de Rome dans le sens, où il faut prendre en compte la qualité officielle du Chef d’Etat ; c’est-à-dire qu’il appartient à la Cour de veiller à ce que les Présidents visés dans une certaine commission des crimes sus-titrés à l’article 5 du Statut de Rome soient admis à la retraite avant l’engagement d’une quelconque poursuite contre eux.

Mais, une polémique demeure autour de cette demande de réforme, puisque selon la conception africaine, le Chef de l’Etat est une forteresse inexpugnable et donc ne peut être ni l’objet de poursuite pénale ou judiciaire, ni de comparution devant une quelconque juridiction, nationale ou internationale. Pour ces motifs donc, la CPI se voit en droit d’y exécuter une obligation de juger ; Voir art.6 du Tribunal de Nuremberg.  Ainsi donc, il faut pouvoir faire le distinguo entre un Royaume et une République dans les systèmes politiques africains, afin d’éviter des dérives politiques.

La levée de l’immunité présidentielle ne doit se faire que quand les crimes imputés à un Président revêtent un caractère d’une gravité intense et sur intervention de preuves réelles et irréfragables pouvant toucher sa responsabilité. A contrario, le procès Kenyatta à la Haye était en soi controversé, d’une part, parce qu’il y avait une disposition faible de preuves suffisantes et concrètes pour inculper ce dernier du côté de la Cour, et d’autre part, du fait que la Cour a refusé de reporter les poursuites pénales engagées contre ce dernier, ainsi, appliquant à contrario l’art.16 du SR dénoncé par l’UA.

A très vite pour la suite !


Tentative de drague en amphithéâtre

Université de Lomé, en 2008… Les cours reprennent dans l’amphi 600, quelques jours après l’affichage des notes d’examen. Un excellent moment où toute la bande des lève-tôt, démarcheurs de place en amphithéâtre certifiés et agents commerciaux qui ont découvert le capitalisme très jeunes, ceux qui nous obligeaient à nous asseoir dans les escaliers ou suivre les cours depuis la fenêtre, a pris congé. Oui, on pouvait enfin venir tard et trouver une place. Les propriétaires de tous les sièges ont vidé les lieux. Un miracle !

L’amphithéâtre qui était plein à déborder trois mois plus tôt ne l’était plus. Les mauvaises notes attribuées lors du dernier examen aux étudiants juristes ont donné des raisons à plusieurs camarades pour passer quelques jours à la maison et décider de leur réorientation. Moment terrible !

Comment ne pas finir l’année universitaire sur un goût amer ? Fallait-il aller s’inscrire en géographie ? En allemand ? En sociologie ? Ou en anglais ? C’était bien l’inquiétude des étudiants de carrière, ceux qui changent de faculté et d’école chaque année. Il y avait à côté d’eux des étudiants vacanciers, des étudiants chevronnés et des étudiants de service. Comment disait notre professeur de droit commercial, M. Adjita, déjà, pour les catégoriser ? Les amis, passez-moi les mots.

Toute la pression du début d’année étant tombée, c’était le moment choisi par un camarade pour tenter sa chance. Il se décida à envoyer à cette fille qu’il a en admiration depuis quelques mois une lettre dont on peut se féliciter de la rédaction en deux parties. Le cours d’introduction à l’étude du droit et celui de méthodologie devaient bien servir à quelque chose. Et oui !

On pouvait donc lire un plan comme suit :

I- Un homme aux qualités recherchées

A- Mes qualités en la forme

B- Mes qualités au fond

Il- Un homme aux défauts gérables

A- Distinction entre défauts gérables et non-gérables

B- La nécessaire acceptation de ma demande au regard de la gérabilité de mes défauts

C’était sa plus simple façon de se défendre. Le génie et l’influence du professeur Komla Dodzi Kokoroko pendant ses cours de droit administratif ne pouvaient que l’orienter dans ce sens. Il ne ratait ses cours pour rien.

Mais c’était sans compter l’étoffe et le relief de son adversaire. Je veux dire de sa promise, celle pour qui son cœur battait. La fille, juriste aussi , ne s’est pas privée de lui répondre comme une vraie étudiante des cours du professeur Kpodar. Ah ! La belle répartie.

I- Une fille aux défauts insupportables

A- Une insupportabilité affirmée

B- Une insupportabilité justifiée

II- Une décision négative insusceptible de recours

A- Une décision finale défavorable.

B- Une décision finale irrévocable.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Est-ce que je sais ? 😂

Dix ans après avoir perdu ses traces, je viens de rencontrer cet ancien camarade qui s’est retrouvé en aventure à São Paulo. Le droit ne lui a pas réussi, mais le marketing international, oui. Et le hasard faisant bien les choses, il a retrouvé cette camarade dans une banque. Ils se sont rappelés ces vieux moments, ont appris à mieux se connaître et ont fini par se marier. La faculté a quand même servi à quelque chose, non ?

 


L’étudiant, la stagiaire et le faux directeur (Acte 1)

Les amours de jeunesse ont souvent cet arrière-goût amer qui vous fait croire que vous n’êtes pas digne de vivre l’amour tel que relaté dans les éditions Arlequins où tout se termine souvent bien pour les amoureux. Tout porte à croire que, lorsqu’on est étudiant, l’amour véritable n’est que douloureux. Le poids de la déception est tel que vous perdez confiance en l’autre. Submergé par la peine, perdu dans un monde en ruine, dévasté quelques fois entre deux examens… Il est bien difficile d’envisager l’avenir quand on a un chagrin d’amour à l’université. Et pourtant… Les allers-retours ne manquent pas à la cité. La douleur vous rend tellement indécis que vous ne savez pas s’il faut haïr ou pardonner pour avancer.

Bien le bonjour chers lecteurs ! Heureux de vous retrouver après tant de mois de séparation. Excusez ma paresse ces derniers temps… croyez-moi rien n’est plus facile quand on quitte le chômage pour un contrat de professionnalisation. Vous vous demandez sûrement qui est cette personne qui a trahi Guillaume au point de le transformer en philosophe. Rassurez-vous, je ne relate ici que la mésaventure amoureuse de mon plus vieil ami qui a aimé avec toutes ses tripes et qui a failli en mourir n’eut été le soutien de ses proches. Passé les larmes et la douleur, cette épreuve, dans laquelle il croyait mourir, l’a aidé aussi à grandir. Elle l’a éclairé sur sa capacité de résistance face à la séparation comme sur son aptitude à trouver, peu à peu, son autonomie affective.

Récit :
———————————————————————————————————————
Deuxième année de droit, assis dans les escaliers de l’amphi 500, parce que je n’ai pas pu venir à 5h pour me trouver une meilleure place. J’écoutais  malgré moi le professeur AMOUDOKPO m’expliquer le droit du travail, tout en maugréant parce que j’avais du mal à prendre des notes. C’est dans cet inconfort que je vis venir vers moi Léandre, ce vieil ami tout souriant comme si nos fameuses tranches d’aides universitaires étaient sorties.

– Salut Guillaume, Comment vas-tu ?

– Salut Léandre, ce n’est pas la forme, j’en ai marre d’user mes fesses sur les marches glaciales de cet escalier sombre. Toutefois, j’irais mieux si tu partageais avec moi cette bonne nouvelle qui te rend si joyeux.

– Orrrh ! Vous les littéraires, vous me fatiguez avec vos longues phrases pour dire des choses simples. Désolé pour toi tchalé, mais moi je pourrais dormir dans cet escalier sombre, ça m’est égal du moment que j’y suis avec Patricia.

– Haha ! C’est donc ça, il faudrait déjà que tu lui fasses part de tes sentiments, lui ai-je répondu tout en riant.

(Léandre était amoureux depuis la première année de Patricia, une nymphe aux rondeurs africaines qui pouvaient faire renier le…à mon cher ami. Sacrilège ! Elle savait également mettre en valeur son teint noir ébène ce qui nous changeait des peaux dépigmentées de ses copines. Ses copines que nous appelons affectueusement les taxis VIP, puisqu’elles consomment en carburant (entendez ici par carburant « énergie » ou « argent ») Mais mon cher ami était si timide que toutes mes tentatives pour le pousser à dévoiler ses sentiments furent vaines.)

–          Je vais te surprendre. Il y a deux semaines, j’ai invité Patricia à diner et j’en ai profité pour lui faire part de mes sentiments. Elle vient de me dire qu’elle acceptait de sortir avec moi pour que nous apprenions à mieux nous connaitre.

–          Bingo ! Félicitations, gars ! Tu as enfin décidé de te comporter en jeune lion.

La joie de Léandre était si contagieuse que j’oubliais l’inconfort de ma place dans les escaliers. A la fin du cours, je proposais de lui offrir un bon jus de bissap au restaurant universitaire. Patate ! Le restaurant universitaire n’était pas ouvert ce jour-là. Nous étions en pleine grève. Six mois déjà que dure le bras de fer entre les étudiants et le corps professoral, avec à la tête des résistants ADOU Séibou et de l’autre côté le professeur AHADJI. Mon argent de poche n’aurait pas suffi à couvrir un déjeuner à deux à l’espace universitaire. C’est donc au marché noir, gayibor, que j’ai traîné Léandre pour un déjeuner succulent mais à petit prix.

Pendant que nous étions en train de manger, le vieux téléphone Nokia E71 de Léandre sonna. C’était Patricia au bout du fil.

A suivre…


Entre Israel et le Togo, c’est le je t’aime moi non plus

Parmi les pays africains, qui dans leur grande majorité votaient à l’assemblée générale des Nations Unies pour une résolution condamnant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis, le Togo créait la surprise.

Le Togo était le seul pays africain à se ranger du côté d’Israël en votant contre la résolution onusienne condamnant la décision de Donald Trump. Ce pays d’Afrique de l’Ouest rejoignant ainsi le cercle fermé des opposants à la résolution composé par le Guatemala, le Honduras, la Micronésie, les îles Marshall, le Nauru et le Palau (en plus des Etats-Unis et d’Israël). Un tel choix du Togo semblait désavouer la position de l’Union Africaine, mais à y regarder de près, il était bien prévisible.

Comme dans d’autres parties du monde, la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale israélienne a enflammé les esprits dans certains pays africains. Des manifestations spontanées ont eu lieu pour dénoncer cette décision considérée comme une provocation. L’Union Africaine s’est voulu ferme sur la question en condamnant la décision du président américain. Une condamnation réitérée par Moussa Faki, le président de la commission de l’Union Africaine, qui a tenu à exprimer “la solidarité de l’Union africaine avec le peuple palestinien et son soutien à leur quête légitime d’un État indépendant et souverain avec Jérusalem-Est pour capitale”.

En se démarquant de cette position, le Togo ne fait que confirmer son rapprochement de l’Etat israélien. Il démontre une fois encore qu’il n’a jamais caché son intention d’entretenir de solides relations avec Israël. Entre ce pays d’Afrique de l’Ouest et Israël, les relations sont plus que stables, et ce, depuis l‘ère du président Gnassingbé Eyadema. Le Togo avait d’ailleurs entrepris d’accueillir un sommet Israël – Afrique du 24 au 26 octobre 2017, au détriment de certains pays islamiques africains. Ce sommet critiqué par une partie de l’opinion avait finalement été reporté sine die par le gouvernement confronté à une crise politique interne. Jamais dans l’histoire de ses relations avec l’Afrique, Israël n’a autant compté sur l’amitié d’un pays africain.

Au Togo, l’opinion publique reste divisée sur cette ouverture de plus en plus importante du gouvernement, dès lors que cette orientation diplomatique n’est pas sans incidence sur sa position concernant le conflit israélo-palestinien.

Tout compte fait, à l’heure où des puissances émergentes telles que la Chine, l’Inde, le Brésil développent leurs relations avec l’Afrique, il n’est pas peu probable que le Togo joue un rôle dans le rayonnement des liens entre Israël et l’Afrique.


Fiançailles en pays Moba

Samedi dernier, on s’est réveillé le sourire aux lèvres. Après une longue semaine de travail, on était pour une fois d’accord que la cause méritait qu’on ne se repose pas mais qu’on sorte vite de notre lit.
 
J’ai vu mon pote publier : « une fille va quitter momentanément ses parents. Momentanément ? Non. Définitivement. » 😊
 
C’est comme ça on a tous ri. 8h30 on se retrouve à la maison familiale de la future fiancée. La grande tante avec une canne, les lunettes posées délicatement sur le nez nous dit : « eeeeh les jeunes, vous êtes à l’heure, c’est bien. » On rit… 😂
 
On prend place. La grande tante sans plus attendre nous dit qu’on va apporter 3 calebasses. On choisira celle qui est la nôtre.
 
La cérémonie commence. Une prière, puis on sort une fille voilée. La famille de mon pote dit que ce n’est pas elle. On sort une seconde fille. La grande sœur de mon pote dit qu’elle lui ressemble étrangement mais ce n’est pas elle. On s’impatiente. Une troisième fille sort. La famille hésite. Elle titube… Finalement conclue que ce n’est point elle.
 
La grande tante nous dit : la calebasse que nous cherchons se trouve dans les trois qu’on nous a proposé. Si nous voulons qu’on nous propose une autre, la dernière, qu’on paye le transport.
 
La famille de mon pote donne 10.000F. La grande tante dit qu’elle doit appeler avant qu’on ne fasse monter la calebasse dans le véhicule. La famille paye encore 10.000F. Quelques minutes après, on fait sortir une quatrième fille voilée. La grande sœur de mon pote va vers elle.
 
Elle touche ses hanches, ensuite ses fesses et enfin sa poitrine. Elle se tourne vers la famille. C’est elle… C’est notre calebasse. Un cri d’allégresse retenti dans la maison.
 
La grande tante dit très bien. On va pouvoir parler sérieusement. Elle fait enlever le voile sur la future fiancée. Elle demande à la future fiancée : « Tu connais ces personnes ? »
 
Elle répond oui. C’est la famille de mon ami.
 
Le grand oncle rétorque : ton ami comment ?
 
Elle répond, mon petit ami. Celui avec qui j’ai traîné ces dernières années.
 
Le grand oncle dit okay. C’est celui qui te gère. On rit… 😂
 
La grande tante dit que nous avons la parole maintenant. Elle voulait s’assurer de ce qu’on était pas des inconnus, des étrangers. Ensuite la famille de mon pote prend la parole. Elle fait les présentations des membres de la délégation. Elle rappelle le village d’origine du futur fiancé. Et demande une minute de concertation. On sort chercher les éléments cités pour la dot. On revient avec trois colis différents.
 
La grande tante commence le décryptage. Elle demande les enveloppes sur chaque colis. Elle réclame la cola et le tabac. La famille dit qu’il n’y avait pas ça dans la liste. La grande tante se fâche. Elle dit :  » vous voulez épouser une femme sans remercier ses ancêtres ? Ne m’enervez surtout pas. »
 
Le grand oncle de la fiancée rapplique :  » On n’attrape pas un hippopotame avec un hameçon. Vous savez ça ? »
 
La famille de mon pote panique. Le grand oncle nous propose de la cigarette pour remplacer le tabac. La famille paye encore 10.000F pour la cola. La grande tante de la future fiancée vérifie les boissons une à une. Elle s’assure de leur date de péremption et de leur qualité.
 
Elle réclame les enveloppes qui accompagnent chaque colis. L’enveloppe qui accompagne les boissons emballées c’était pour les tantes. Elle l’ouvre, s’insurge et demande si nous savons à quoi c’était destiné. Elle nous apprend que c’est pour les tantes et la maman de la fille.
 
Le contenu de cette enveloppe sera divisé en deux, une part pour les tantes et l’autre pour la maman en compensation dans piments et tomates achetées pour nourrir la fille.
 
La famille de mon pote s’affole. Elle fait faire une collecte rapide et ajoute une seconde enveloppe. La grande tante semble satisfaite. Elle ouvre l’autre enveloppe, la seconde qui accompagne la valise de pagne. Elle s’indigne encore et nous regarde.
 
Elle nous dit : « si je me fâche, agban agbodji hein ? Je n’aime pas ça. »
 
La famille de mon pote demande pardon. Elle nous explique que le contenu de l’enveloppe avec la valise de pagne, repart avec nous. Cette enveloppe permettra à la femme de faire du commerce, ouvrir une boutique par exemple. Donc, de nous discipliner.
 
La famille de mon pote s’affole encore. Elle fait faire une collecte rapide et ajoute une seconde enveloppe.
 
La grande sœur de mon pote se fâche, elle dit à la grande tante qu’elle exagère.
 
La grande tante enlève ses lunettes, les dépose délicatement sur la table, se tourne vers la grande sœur de la fiancée, prend sa respiration et lui répond : « Celui qui veut attraper le crabe, doit se salir dans le sable. »
 
Elle se dirige vers la valise, scrute au peigne fin les pagnes, s’assure de la qualité et de la date de péremption des boissons dans le troisième colis. Elle vérifie la bague de fiançailles, et s’assure qu’il y a le nom de leur fille dessus. Elle nous dit qu’on peut s’entendre maintenant.
 
C’est comme ça que la bague s’est retrouvée aux doigts d’une fille Samedi. C’est comme ça qu’une fille est devenue la fiancée de quelqu’un.
 
La grande sœur de la fiancée nous explique devant le plat et la bière qu’on se plaisait à manger que même si nous étions en règle, la grande tante aurait trouvé le moyen de nous faire dépenser et tester notre patience.
 
L’objectif, c’est de s’assurer que leur fille ne manquera de rien. L’objectif, c’est de se convaincre que leur fille a de la valeur à nos yeux. L’objectif, c’est de tester la solidarité et la complémentarité de la famille de mon pote, savoir s’ils peuvent voler au secours du jeune couple dans les moments difficiles.
 
Derrière toute cette scène, l’objectif, c’était de nous faire comprendre que leur fille vaut beaucoup même si la famille n’a pas exigé de l’argent. C’est la raison pour laquelle la dot était composée uniquement que de présents sur la liste.
 
Nous nous sommes tous séparés samedi, avec le diction sur les lèvres : « Celui qui veut attraper le crabe, doit se salir dans le sable  » parce que dans amusement, la grande tante de la fiancée nous a marqué.
 
A très vite !


La constitution, l’incivisme et les Togolais

Bonjour chers tous,

Les derniers rebondissements de l’actualité socio-politique au Togo font état de ce qu’une tension profonde se manifeste à chaque coin du pays. Une tension allant jusqu’à perturber le fonctionnement des institutions régaliennes. Une tension obligeant le gouvernement à couper Internet au nom de la sécurité nationale dans tout le pays cinq jours successifs, une première fois du 5 au 10 septembre puis une seconde fois du 18 au 20 septembre. Cette mesure drastique a perturbé et affecte malheureusement toutes les activités liées au net et tous les métiers qui en découlent. J’en ai parlé ici

La question au centre de la tension est liée aux réformes politiques institutionnelles et constitutionnelles. C’est donc la limitation de mandat présidentiel et l’exigence d’une élection présidentielle au scrutin uninominal majoritaire à deux tours qui sont la pomme de discorde.

De l’élection du Président et de son mandat.

Nos parents ont pris soin de nous le raconter, et chacun d’entre nous aurait appris depuis le 31 décembre 2002 ou du moins à partir de 2005 qu’il y a des problèmes institutionnels et surtout constitutionnels au Togo, problèmes auxquels on demande au pouvoir de trouver des solutions. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Trois problèmes fondamentaux se posent depuis la modification unilatérale de la Constitution de 2002. Deux sont liés à la présidence de la République et le troisième au rôle de Premier Ministre.

Allons pas à pas… Le premier problème de la Constitution togolaise se trouve dans le mandat présidentiel. Tout le monde le sait aujourd’hui avec les marches de l’opposition ou du parti UNIR. Alors qu’au sortir de la Conférence Nationale les vainqueurs avaient opté pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable une seule fois, aujourd’hui, et depuis 2002 les vaincus de l’époque ont modifié la Constitution togolaise ce qui prévoit un mandat présidentiel renouvelable de façon illimitée. En effet, alors que la Constitution votée par le peuple togolais en 1992 prévoit en son article 59 que « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois » et ajoute en plus qu’« en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats », la modification apportée à ce texte en décembre 2002 fait dire à la loi fondamentale togolaise simplement que le Président de la République « est rééligible ».

Cette nouvelle version dit ceci : « Le président de la République est élu au
suffrage universel direct et secret pour un mandat de cinq (05) ans. Il est rééligible. Le Président de la République reste en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de son successeur élu.» C’est cette nouvelle disposition qui est source de tension entre le gouvernement et l’opposition depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel Président SEM. Faure GNASSINGBE. Ni l’Accord Politique Global de 2006, ni les rencontres TogoTelecom I, TogoTelecom II, l’introduction d’un premier puis d’un second projet de loi par le gouvernement, ni l’introduction d’une proposition de loi par l’opposition n’ont pu résoudre la crise. C’est ce qui explique que l’on scande aujourd’hui dans les artères de Lomé et dans quelques villes à l’intérieur du pays le retour pur et simple de la Constitution de 1992.

La limitation du nombre de mandats présidentiels n’existe donc plus depuis 2002 dans la Constitution togolaise. Hier, c’est la France que l’on donnait en exemple pour soutenir qu’il n’est pas nécessaire de limiter le nombre de mandat présidentiel. Aujourd’hui et cela depuis 2008 avec l’arrivée du Président Sarkozy, la France a clairement inscrit la limitation à deux des mandats présidentiels dans sa Constitution. Cette limitation est contenue dans l’article 6 de cette Constitution qui dispose : «Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Les modalités d’application du présent article sont fixées par une loi
organique ».

Cette fois-ci, les chefs d’Etat africains qui ne copient auprès de la France que des mauvais exemples ne disent pas qu’ils vont emboîter le pas à l’ancienne puissance colonisatrice. Seul le Bénin a copié cette disposition française. Les autres se retrouvent même à citer le modèle parlementaire allemand ou britannique comme exemple.

La polémique aujourd’hui tourne autour de la rétroactivité ou non dès l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution. Ceci semble dire que les deux parties sont du moins d’accord sur la limitation de mandat et sur le nombre de scrutin. D’un côté comme de l’autre, le ton se durcit parce que le consensus n’est pas privilégié. La confusion est semée par des intellectuels qui jouent sur des mots comme immédiateté, caractère patrimonial, caractère extra-patrimonial, rétroactivité…

Le second problème se trouve dans le mode de scrutin permettant d’élire le Président de la République. La Constitution de 1992 avait mis en
place un système permettant d’élire le Président de la République dans un scrutin à deux tours où les deux vainqueurs du premier tour se retrouvent au second tour. Depuis le 31 Décembre 2002, cette disposition a été modifiée et l’article 60 qui est le siège de cette nouvelle règle dit désormais
ceci : « L’élection du Président de la république a lieu au scrutin
uninominal majoritaire à un (1) tour. Le Président de la République est élu à la majorité des suffrages exprimés. »

Cette modification a fait asseoir la règle du « un coup K.O ». Selon cette règle, le Président est élu à la majorité des suffrages exprimés, cela ne veut pas dire que le Président devra avoir obligatoirement 50% des voix de l’électorat national. Cela signifie simplement que celui des candidats qui sera majoritaire au premier tour sera élu. La conséquence est claire. Si nous avons 10 candidats pour les élections présidentielles, il suffit que le premier d’entre eux ait par exemple 10 ou 15% des voix pour qu’il devienne le Président de la République, pourvoi que ce soit le plus grand pourcentage. La « démocratie est la dictature de la majorité » comme le dirait l’autre. C’est pour cette raison que la majorité qu’il faut pour élire le Chef de l’Etat doit être la majorité absolue de l’ensemble des votants et c’est également pour cela que l’on essaie d’aller à la confrontation finale entre deux candidats.

Le troisième problème de la Constitution togolaise, c’est celui qui concerne le Premier Ministre et la majorité parlementaire. On en parle presque pas alors que c’est important dans l’équilibre du pouvoir. La Constitution togolaise, telle que votée en 1992, est en réalité une copie conforme de la Constitution française d’avant les modifications de 2008 et qu’on appelle la Constitution de la Cinquième République inaugurée en
1958 avec le Général De GAULLE. Cette Constitution consacre un régime semi présidentiel où les pouvoirs sont partagés entre le Président de la
République et le Chef du Gouvernement, le premier restant Chef de l’Etat et imprimant les orientations générales à la politique internationale du pays tandis que le Premier Ministre reste celui qui s’occupe de la gestion du quotidien.

Normalement, dans un tel système, le Chef de Gouvernement n’est pas un valet, un majordome ou un godillot du Président de la République, ni même un simple collaborateur, surtout lorsque les deux ne viennent pas du même bord politique. En effet, dans la mesure où le Premier Ministre doit normalement être issu de la majorité parlementaire, lorsque le Président et le Premier Ministre viennent de la même majorité, c’est la politique du parti du Chef de l’Etat qui s’applique. Dans ce cas, son Premier Ministre qui est issu de son propre parti ou de sa majorité est simplement comme son exécutant. C’est le cas par exemple aujourd’hui avec le Premier Ministre Sélom Komi KLASSOU. Mais lorsque les deux têtes de l’exécutif sont issus de bords différents ou que la majorité parlementaire n’est pas associée au Président de la République, alors le Premier Ministre est une véritable autorité et même un pouvoir face au Chef de l’Etat. C’est ce que les constitutionnalistes appellent la cohabitation. Le Premier Ministre met librement en application sa politique dans laquelle le Président de la République n’a rien à faire. Cette répartition des pouvoirs est souvent considérée comme une défiance de l’autorité du Président ce qui a conduit à la modifier en Décembre 2002.

En effet, conformément aux dispositions de l’actuelle Constitution togolaise, la relation entre le Premier ministre et le Président de la République, si elle ne place pas totalement le premier dans une situation de personne travaillant pour le compte du Chef de l’Etat ou qui lui
est complètement soumis, maintient celui-ci dans une situation de soumission assez avancée pour que le rapport entre les deux têtes de l’exécutif donne l’impression d’un premier ministre presque totalement aux ordres. Ainsi, le Premier Ministre agit avec son gouvernement sous « l’autorité » d’un Chef de l’Etat dont dépend sa nomination et sa pérennisation ou non au poste chef de gouvernement.

Dans ces circonstances, le chef de l’Etat peut revendiquer le succès des actions menées par le premier ministre et donner l’impression qu’il en est l’initiateur mais en même temps dégager toute responsabilité et jeter le chef de gouvernement en pâture dès que celui-ci commet une erreur ou est contesté. Il faut donc penser à clarifier la situation en modifiant la Constitution pour qu’il y ait une répartition claire des rôles pour refléter le système constitutionnel choisi si l’on veut rester dans le même régime semi-présidentiel. A défaut, il faudra penser à transformer la Constitution et aller à un véritable régime parlementaire avec des pouvoirs conséquent au Premier Ministre. Ce qui assurerait un équilibre et enlèverait le rôle de l’homme tout-puissant au Président.

Du manque d’éducation politique source d’incivisme.

Une population bien éduquée est beaucoup plus demanderesse sur
le plan de l’emploi mais aussi sur le plan social et culturel. Et plus les gens
sont éduqués, plus ils sont exigeants et souhaitent avoir du boulot. Et plus
ils sont également regardants sur leurs droits qu’ils revendiquent parce
qu’ils les connaissent. Ce que les dirigeants, ne font pas en priorité dans leur défis de développement de leur pays, n’aiment guère, surtout en ce qui concerne la revendication des droits.

Malgré les discours grandiloquents du style « aucun sacrifice n’est trop
grand lorsqu’il s’agit de la jeunesse », discours creux par excellence chez les élus du peuple, l’enseignement au Togo n’a connu ses heures de gloire qu’avec la gratuité de l’école primaire, très récemment la gestion responsable de l’Université de Lomé à travers les rénovations qui y sont faites et le programme school assur.

Lors des revendications démocratiques au début des années 90, les acteurs ont cru devoir redonner à l’éducation sa place de choix dans la cité. C’est pour cette raison que ces acteurs ont voulu traduire dans la Constitution du pays, les principes contenus dans les traités internationaux signés par le Togo. En ce sens, l’article 35 de la Constitution de 1992 dispose : « L’Etat reconnaît le droit à l’éducation des enfants et crée les conditions favorables à cette fin. L’école est obligatoire pour les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de 15 ans. L’Etat assure progressivement la gratuité de l’enseignement public ».

À chaque manifestation de l’opposition l’on se retrouve à faire des bilans de destruction de biens publics ou de mort. La destruction des édifices publics est la forme de riposte que trouvent les manifestants face aux lancement de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. Ceci n’est pas justifiable en ce sens que l’édifice a pour objet la satisfaction de l’intérêt général aussi bien l’intérêt de celui qui manifeste que de celui qui ne manifeste pas. Une inculture est donc à l’origine de ces maux. Cette inculture est ce qu’on peut qualifier d’incivisme en ce sens qu’elle se déduit du caractère violent des citoyens.

Cette inculture porte les germes de la haine qui à tort ou à raison n’a de conséquence que négative sur tissu social et sa sauvegarde. L’usage exagéré de la forme d’un camp, l’incivisme de l’autre. Les menaces contre la sécurité des biens et des personnes, les promesses d’une répression à haute dose. Le scénario devient répétitif et l’on en paie le lourd tribu.

S’il y a bien une notion qu’il importe de faire évoluer dans la psychologie des deux camps, c’est l’amour de la patrie et du concitoyen. C’est la défense de l’intérêt de tous. C’est l’écoute des meurtrissures des populations. C’est la prise réelle de décision pour mettre fin à l’arbitraire et à la discrimination. C’est la fin du népotisme et de la gabegie qu’il importe de sonner.

Il n’est pas un seul Togolais qui soit prédestiné à de meilleurs traitements qu’un autre. La patrie, la nation, les mêmes chances de s’épanouir, c’est le souhait de chaque fille et fils du Togo.

Bien à vous !


L’éducation, Internet et les Togolais

Une majorité de Togolais se trouvent aujourd’hui pris  en étau entre les tentatives de préservation du tissu social par le gouvernement et les revendications légitimes de l’opposition. D’un côté comme de l’autre, chacun se rejette constamment la faute. De toute façon, nous n’avons pas Internet pour nous chamailler.

De l’importance d’une éducation de qualité

L’Unesco organise depuis le début de cette semaine, à Lomé, un colloque international sur les perspectives éducatives à l’horizon 2030. L’éducation est un droit auquel doivent pouvoir accéder tous les citoyens. C’est ce qui est prévu par les normes internationales. Cependant, il reste difficile d’accéder à un enseignement de qualité dans les pays en voie de développement à cause des frais de scolarité.

L’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) dispose que:

« Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ».

La différence entre intelligence et éducation

Éduquer une personne, c’est lui transmettre un ensemble d’éléments, de facultés, de savoirs qui lui permettent de réagir face à différentes situations, dans diverses circonstances et à diverses informations. Elle s’approche de la connaissance générale sans s’y identifier et ne se confond pas non plus avec l’intelligence. Plus une personne est intelligente et plus son éducation se fait facilement et plus une personne est éduquée, plus son intelligence s’exprime avec aisance et dans divers domaines.

Par exemple, c’est la combinaison de l’intelligence et de l’éducation qui va permettre à une personne qui reçoit une information, quelle qu’elle soit, de ne pas l’ingurgiter de façon totalement passive, mais de l’analyser et de voir en quel sens elle est vraie ou fausse et dans quelle proportion on peut la prendre ou la laisser, l’accepter ou la rejeter. Sur ce plan, l’éducation et l’intelligence fonctionnent avec le vécu. Et plus l’éducation est mauvaise, orientée ou partielle, moins la capacité d’analyses est développée et plus l’individu est exposé à la manipulation. C’est pour cette raison que nous devons faire attention à ce que nous imposent les médias internationaux comme information.

Notre épanouissement personnel sur tous les plans exige que l’éducation ne se limite pas à l’instruction scolaire ou livresque dans un domaine donné. Elle doit aborder le plus largement possible les différents aspects de la vie. Musique, Religion, Art, Médecine, Droit, Économie…. Une partie de l’éducation se reçoit à la maison, une partie à l’école et une autre au sein de la société. La partie de l’éducation qui se reçoit à la maison et celle reçue en société et qui se fait le plus souvent par le biais des relations est l’un des volets les plus importants mais aussi les plus dangereux.

L’éducation peut niveler la société par le bas. Au contraire, l’éducation de qualité permet de se déterminer soi-même sans être tout le temps manipulé ou sans que l’on vous dicte ce que vous devez penser et ce que vous devez faire. C’est pour ainsi dire elle qui permet de bâtir des nations fortes et prospères.

De l’inutilité de l’information contrôlée

Dans les pays où l’information est contrôlée, les réactions des citoyens face aux informations s’en ressentent. Les gens ont tendance à ingurgiter tout ce qu’on leur dit sans grande réflexion. Dans certains de ces pays, la réaction du peuple face à la rétention de l’information, au matraquage médiatique et au lavage de cerveau par les médias est de développer un autre système d’information et de communication qui est la rumeur.

Le danger au niveau de l’éducation populaire dans ce cas, c’est justement de tomber dans l’excès contraire. Rejetant l’information officielle dont on croit qu’elle est nécessairement manipulée, les citoyens s’en remettent de façon tout aussi passive et même quelquefois idiote à la rumeur. Tout ce qui est information officielle ou passe par des canaux officiels est considérée comme fausse et toute rumeur dont on ne sait pas la plupart du temps d’où elle vient et comment elle est faite est immédiatement prise pour une vérité biblique.

Chacun reprend la rumeur à son compte et le véhicule en affirmant même avoir des éléments de preuve qui la justifient. La plupart du temps, ces éléments de preuve seront fabriqués par la personne qui veut communiquer la rumeur elle-même. Chacun ajoute à la rumeur d’origine sa propre part de rumeurs pour rendre cette information beaucoup plus crédibles et plus intéressantes, selon lui. Chacun des transmetteurs devient lui-même ainsi fabricateur de rumeurs.

L’information biaisée ne circule pas de la même manière lorsque la liberté de la presse et d’expression existent

La situation est complètement différente dans les pays où la liberté de presse et d’expression existent et où l’information officielle ou transmise par les canaux officiels ou traditionnels est généralement fidèle à la réalité ou s’en rapproche toujours. L’éducation des personnes est telle que la rumeur dure parce qu’on l’analyse toujours avec beaucoup plus de hauteur. La manipulation y a des difficultés à prospérer parce que les citoyens sont outillés pour disséquer l’information.

Ils arrivent tôt ou tard à découvrir ses aspects exacts et inexacts, de manipulation ou non. Voilà ce qui explique la coupure générale et répétée d’Internet sur la terre de nos aïeux. La privation est volontaire parce qu’une forte propension à intoxiquer, à dramatiser et à exagérer s’installe dans les usages et habitudes sur les réseaux sociaux. Les messages haineux, les appels au meurtre et les propos liés aux ethnies commencent à prendre le dessus ? Est-ce que la censure générale était la solution ?

De la coupure d’Internet

L’éducation assure beaucoup de fonctions aussi bien sur le plan Individuel, familial que social. L’éducation permet aussi de construire la société dans laquelle on vit, le pays où on est. L’éducation est à ce titre un élément fondamental et même un moteur indispensable pour le développement de la société. Elle permet d’atteindre des objectifs personnels comme professionnels. Aujourd’hui l’éducation peut se faire en présentiel ou à distance. Et elle est facilitée par l’accès à internet.

Internet aujourd’hui permet facilement d’apprendre, de s’informer et de se cultiver. Internet est un droit fondamental reconnu par les Nations Unies depuis 2012. Toutes les activités aujourd’hui se fondent sur le numérique ou une sorte de digitalisation. Sans verser dans le subjectif, je suis dépité par la coupure générale, longue et successive d’Internet au Togo. La coupure de cette semaine intervient dans un contexte où est organisé un évènement d’envergure communautaire appelé Lomé Numérique Officiel. Je me demande l’appréhension qu’ont les étrangers qui sont dans nos murs et qui malheureusement ne vont pas pouvoir jouir, non communiquer autour de l’évènement de façon instantanée comme ça se passe à l’accoutumée dans des évènements techs.

Couper Internet en 2017 ? Quelle idée !

Le développement de la société et la construction d’une Nation qui est nécessairement fondée sur le développement du sentiment patriotique, l’un des aspects de l’éducation le plus indispensable est l’instruction civique objective. Le manque de cette instruction civique justifie la destruction des biens publics, l’incendie des commissariats, la destruction de motos ou de maisons appartenant à d’autres citoyens. Le Togolais n’a pas encore compris que la politique ne doit pas prendre le dessus sur le sentiment d’appartenance à une nation, à la défense d’une cause noble et plus grande. C’est à nos dirigeants d’éduquer les citoyens sur les bons usages ou non, sur les dangers et les risques d’intoxications ou de diffusions de fausses informations.

L’exemple du Rwanda très souvent cité suffit pour prendre la mesure des choses. Il ne suffit pas de censurer, il faut préparer les esprits à un meilleur usage et censurer dans le pire des cas. La censure même ne doit être envisagée qu’en cas de véritable péril. Aujourd’hui des activités sont suspendues, des projets ralentis, des transactions non effectuées parce que Internet n’est pas accessible.Tout passe par l’éducation raison pour laquelle je me suis attardé sur cette thématique. Dans la mesure où l’éducation est un moyen de préparer l’Homme pour la vie et pour assurer le développement de la société, elle est fondamentale dans la vie d’une société.

Comme le dit John Dewey, « L’éducation est un progrès social…L’éducation est non pas une préparation à la vie, l’éducation est la vie elle-même.»

Sachez jouer avec la vie de vos concitoyens, sachez les préparer à un meilleur devenir, sachez anticiper à l’avenir, évitez donc de couper Internet. Bien à vous !!!

Nb : Ce billet a été inspiré par le document Education et nouvelle Constitution Togolaise.


Le LMD, l’UE libre et moi

30 Juin 2011, Université de Lomé, dalle de la Cité C. Il était presque 18h, quelques individus traînaient encore leur corps fatigués sur le dur sol en ciment. Soi-disant ils étaient en train de faire des exercices physiques. Parmi ces individus, il y avait moi, Francius, Cédric et Edem. Le but de cet exercice nocturne ?  Valider des UE libres (UE – Unité d’Enseignement) grâce au cours de taekwondo.

Ma génération a eu l’affreuse malchance de subir nerveusement le système LMD à ses débuts. Elle a payé le lourd tribut d’un système aussi instable que l’étiquette politique d’Agbéyomé Kodjo. Nos professeurs savaient bien que nous n’avions, à l’époque, ni les ressources humaines, ni les moyens financiers, ni les stratégies appropriées, mais ils nous l’ont imposé quand même. Le système classique qui permettait de valider son année en s’appuyant sur une juste compensation devait disparaître. Il devait laisser place au système de validation unique des matières. C’est là que sont apparues les UE libres. Elles n’étaient pas aussi libres que le suggérait l’adjectif. Pas libre du tout… Il fallait, au contraire, bien suer ou même se blesser pour avoir les 3 points de crédits qui manquaient aux 57 crédits afin de valider son semestre. Les études étaient devenues subitement violentes. Les étudiants curieux que nous étions, en lieu et place de l’espagnol ou de l’allemand, nous sommes allés nous inscrire au cours de taekwondo. On voulait apprendre quelque chose de nouveau. Erreur !

Le taekwondo est un art martial avant tout. Ne pratique pas le taekwondo qui veut, mais qui peut. On l’a appris à nos dépens. La voie du pied et du poing (c’est sa traduction littérale), on l’a compris au premier cours. Aussitôt arrivé, aussitôt impliqué. Il fallait faire des pompes sur des poings fermés. Et on pouvait entendre de loin : ana, toul, set, net puis silence. Le coach, un bolo jamais souriant de la quarantaine est venu nous intimer l’ordre de sortir des rangs, nous ranger à côté pour faire 30 pompes. On était punis. On a repris malgré nous : ana, toul, set, net, tasot, yosot, ilkop, yodol, ohop, yol. C’était chaud !

Bref… Le prof avait compris qu’on était des aventuriers. Il fallait soit nous motiver à y rester, soit nous faire désister. Il nous a raconté que le but des arts martiaux est le contrôle de soi. Les techniques de casse sont très importantes. Le taekwondo, c’est pour les gens frêles comme une guêpe. Les coups de pieds hauts sont inutiles, etc… Les balabla qu’on dit aux débutants !!!

Un mercredi soir, alors qu’on était en fin d’année académique, un camarade avec un grade plus élevé s’est essayé à faire des exercices avec nous. Il a choisi pour adversaire un gars au milieu, un mec dur comme le teck, un jeunot raide comme un piquet. Ao… Ce jeunot, c’était moi. Après l’exercice pénible de grand écart, je ne sentais plus mes jambes. Avant même que le prof ne siffle le début de l’exercice suivant, j’ai senti un violent coup de pied dans mon ventre. Misère ! C’était un complot contre ma personne. Et par ricochet contre tous les aventuriers.

Je venais de me faire frapper par un nerveux. Je n’avais jamais connu de douleur aussi atroce. J’ai décidé, depuis ce soir-là, que je ne m’aventurerai plus à valider quoique ce soit en prenant le risque de me fracasser le crâne ou de découvrir des maux de bas-ventre atroces à cause d’un coup de pied mal placé. C’était sans compter sur mon envie de valider mes deux semestres. J’ai poursuivi les cours avec une prudence excessive jusqu’aux évaluations qui m’ont permis d’en finir. Je n’ai pas perdu l’envie d’en apprendre davantage, en m’inscrivant à un autre cours au Lycée technique. Mais les exercices violents des senseis, ceux qui étaient là avant moi, m’ont dissuadé.  J’ai compris avec du recul qu’il ne sert à rien d’essayer d’enlever de force un manteau à un homme. Faites-en sorte qu’il ait chaud, il l’enlèvera de lui-même.

Ce matin, 6 ans après, alors même que ce souvenir me revenait, j’ai vu le prof de taekwondo en circulation. Il s’est amusé à me demander : est-ce que tu veux gné bras ? J’ai répondu à haute et intelligible voix : JAMAIS !

Bon weekend, chers tous !

 


A cœur ouvert (III)

Maman,

Neuf ans déjà, Maman. Neuf ans déjà que tu n’ouvres plus cette porte. Neuf ans déjà que nous manque cette personne forte.

Je ne savais pas exactement quoi t’écrire aujourd’hui. Oui, je l’avoue, l’inspiration m’a fui. Ça fait de nombreux mois que je n’ai point écrit un seul billet. Mon esprit s’évade loin de mon corps et voyage dans les tréfonds de mes ressentis. Un bruit, une odeur, un mouvement, une idée… Je n’arrivais à rien capter, à rien immortaliser. Tout est un chantage qui me pousse à m’oublier. M’oublier en me donnant toute l’attention que je puisse m’octroyer.

Des regrets en toile de fond, de la pluie sur le balcon, un reste de soupçon, mais où es-tu ? Où est ton sourire qui crache du bonheur ? Ton attention qui habille des fleurs ? Ton regard qui amoindrit la peur ? Toute cette absence m’enfle souvent le cœur. Du soir au matin, j’attends le crépuscule, à la recherche du moindre scrupule, des nuits arrosées de recul où j’imagine ton absence dans un calcul. Et ma solution, bien plus que de l’ambition, est de voir dans mes actions, ne serait-ce qu’une bribe d’avoir réussi mon éducation. Aujourd’hui, je souffre de ne plus ressentir, la moindre des sensations, je pleure de ne plus sourire en me revoyant petit garçon.

Tout, absolument tout a changé depuis ma dernière lettre, tes enfants ont bien grandi. Spéra est une grande femme, maintenant. Jacques, toujours aussi brillant. Et Gérard, un merveilleux grand frère. On parle peu de toi, de ces morceaux d’inepties à peine voilés, des souvenirs qui rament jusqu’à s’écraser, ce fardeau de fortune pour les moins fortunés. Mais quand on s’y met, les larmes coulent le long de nos joues, on ressent l’entière tristesse que contient notre vécu. Et la grande surprise quand on s’abandonne à soi-même, c’est que rien n’est blanc ou noir. Les plus beaux sourires que j’ai pu observer chez eux, étaient tous ornés par des regards déchirés sur tes photos, sur nos photos.

On est tous un peu mort aussi. Ce sont des parties de nous qui ne reviendront jamais. Ce sont des sourires qui ne naîtront jamais, ce sont des regards qui ne s’échangeront jamais. Ce sont des chansons que nous ne chanterons jamais. Ni avec toi, ni avec personne d’autre. C’est un peu trop douloureux. Ce regard qui ne me quitte pas est d’ailleurs un des seuls souvenirs qu’il me reste. Celui de l’hôpital, tu as pris bien soin de ne nous laisser que les meilleurs souvenirs, les meilleurs moments encrés dans nos peaux comme des cicatrices indélébiles. Les murs tremblent à chaque femme qui te ressemble. Les secondes se prélassent en années et tout s’accélère, ton souvenir féconde en moi des rugissements de ténèbres. Les violons hérissent mes pensées, pesantes idées qui me dictent d’abandonner. Douceur immense que de souffrir, douleur intense d’être ivre. La terre tourne et moi je fais du sur-place, c’est dans tes yeux que se trouvait ma place. Neuf ans que ce n’est plus le cas… Un reflet inanimé dans ce miroir sans aspérités, image un peu faussée, de la vie, de la vérité. Mes idées dansent des mélodies que mes actes oublient, ce que je ne fais pas, je te le dis.

Pour une troisième fois consécutive, je t’écris une missive. Une que tu ne liras pas, mais dont tu connais déjà le contenu. J’ai eu la paresse de t’écrire aujourd’hui parce que ce rendez-vous épistolaire, où je t’écris sans que tu ne puisses me répondre est le plus douloureux de tous. Mais il me permet de parler à moi-même… J’espérais trouver un jour tes secrets au fond d’une bouteille, avec tes conseils et tes merveilles, retrouver cette tendresse qui ensorcelle, j’espérais juste un peu de soleil. Mais il fait toujours froid dans ce monde sans toi et il n’y a rien pour me réchauffer, que la douleur d’être forcé à rester dans un univers que tu as laissé filer. A chaque seconde qui s’estompe, je n’ai plus assez d’énergie pour m’habiller, alors je profite du manteau de la nuit pour me rappeler que c’est en moi que tu vis. En nous…

En ce jour spécial, je voulais te dire combien tout a changé derrière toi. Combien ton départ nous a brisé des fois. Mais nous gardons l’ultime foi que depuis là-haut, tu es fière de nous.

Tu nous manques, Maman.

Je t’aime.

Guillaume.