Guillaume DJONDO

Lomé et ses cinémas publics

Depuis que le dernier cinéma de Lomé, le Grand Rex, s’est métamorphosé en lieu culturel avec organisation d’événements en tout genre, Lomé n’a plus de lieu dédié à l’art cinématographique. Il semble que l’événementiel et la location de la salle rapporte mieux que la diffusion de films. Les autres cinémas de la ville, bien connus des cinéphiles, ont tous fermé ces dernières années. Il n’y a malheureusement plus beaucoup de lieux de distraction à Lomé aujourd’hui, les togolais connaissent bien le chemin rocailleux de la plage et ses nombreux restaurants, les espaces publics avec leurs parcs d’attraction ou encore les « fast-food » libanais qui ouvrent à chaque coin de rue… rien à voir avec le cinéma.

La nouvelle stratégie marketing des distributeurs, vendeurs de Cds et de Dvds, est de proposer du cinéma en plein air, accessible à tous, avec un public souvent spontané. Et, tenez-vous bien, ça marche. Plusieurs nouveaux lieux de cinéma ont poussé subitement dans la capitale togolaise : à partir de 19h les kiosques de Cds et de Dvds sont transformés en cinémas publics ! L’heure et les lieux sont toujours les mêmes, de nouveaux rendez-vous s’instaurent. Ces cinémas improvisés proposent des films de Nollywood, le Hollywood nigérian ! Le Nigéria est la deuxième puissance cinématographique mondiale, derrière les Etats-Unis et devant le Bollywood indien. Nous regardons des films en langue française ou en éwé.

Les kiosques ont leur stratégie, ainsi quand nous venons à notre rendez-vous du soir, nous ne pouvons voir que la première partie des films. Si nous voulons regarder la deuxième partie, il nous faut revenir quelques jours plus tard. L’ingéniosité étant un des traits inhérent à la nature humaine, les kiosquiers ont trouvé l’astuce : si nous sommes pressés de connaître la suite de l’histoire palpitante du film toujours pleine d’intrigues… faisons simple en achetant le Cd au prix de 500 Fr CFA (soit 0,76 Euro) ! Le public de ces films se fait au hasard, il s’agit de passants, de voisins ou de curieux. On trouve des enfants, des adolescents, des adultes et des vieux, des hommes mais aussi beaucoup de femmes.

Elle est loin derrière nous l’époque où nous nous cotisions, à 5,25 Fr CFA chacun, pour que notre cousin Kelly aille regarder le dernier film de Bruce Lee, d’Indiana Jones, de Rambo ou de Jackie Chan et pour qu’il revienne ensuite nous le raconter. Ses gestes, l’expression de son visage, toute sa narration nous séduisait tellement que, plutôt que chacun ait 100 Fr CFA à tour de rôle comme montant de cotisation pour aller voir le film programmé, nous décidions à l’unanimité que ce soit lui qui aille encore et encore regarder les films. C’est ainsi qu’on l’a titularisé au poste de narrateur précoce à l’âge de 15 ans. Son récit était toujours tellement plus enthousiasmant que le film lui-même ! Nous le constations à chaque fois que nous avions eu la chance d’aller au cinéma nous mêmes. Comme quoi, relater un film, c’est aussi tout un art.

Elle est loin derrière nous l’époque où nos parents rangeaient leurs appareils de Dvds à côté du magnétoscope pour les supports VHS. Nous n’avions pas le droit de toucher aux Dvds en leur absence. Le samedi, nous dormions longuement dans la journée pour être en forme pour le « Ciné Nuit » que nous offrait la TVT.

Elle est loin derrière nous l’époque où nous nous rendions à « Elysée », « Club » ou « Opéra » pour aller voir un film avec une amie ou une nouvelle copine. Même si c’était de vieux films que nous avions déjà vu plusieurs fois, peu importe. L’idée de se retrouver dans le noir avec une jolie, dans la perspective d’un baiser langoureux à l’abri des regards jaloux, suffisait largement pour payer le prix d’accès de 1000 Fr CFA. Les soirs de chance, la soirée se terminait entre les quatre murs d’une chambre… attention, je vous parle de romantisme.

Aujourd’hui c’est la nouvelle époque, celle de la clef USB. On va chez nos amis pour récupérer des séries ou des films, on les échange d’une clef à l’autre, d’un disque dur externe à un autre, avec tous les risques virus que cela comporte.

En attendant la prochaine période, celle où nous pourrons regarder des films, des vidéos et des clips en streaming à satiété, on continue à faire un arrêt devant un kiosque le soir. J’aime ce spectacle qui nous est offert gratuitement. Surtout, ne pas oublier de revenir chez le marchand le lendemain, de payer le DvD pour avoir la deuxième partie du film ; même si la facture d’électricité, ça ne se paye pas avec des commentaires.

Si vous avez cru un instant que ce billet encourage la piraterie, vous méritez la prison. Cela reviendrait à dire que vous êtes contre l’émergence, la vraie. Pas celle qui offre uniquement le service minimum et les denrées de première nécessité… je vous parle d’autre chose, de l’émergence qui offre la connexion 3G, le téléchargement à volonté et la lecture en streaming. Où est le mal si on trouve un raccourci en attendant 2030 ? N’y voyez qu’une action du genre #BringBackOurCinema.


29 février particulier…

Crédit : www.1jour1actu.com
Crédit : www.1jour1actu.com
Pendant que certains se réjouissent d’avoir trouvé de la bouillie de mil sans sucre et sans rien pour l’accompagner, d’autres se délectent copieusement d’une bouillie avec du bon botokoin, et d’autres encore savourent du thé au lipton avec un pain béninois enrichi de mayonnaise, de fromage et d’omelettes.
 
Même avec toute cette discordance, nous avions toujours eu une vision romantique de la vie. Oh ! Oui. Des études parsemées de peu d’échec et saupoudrées de beaucoup de réussites. Pour finir par atteindre le stade de diplômés. Chercher sans succès avant de trouver des stages pour enrichir notre expérience professionnelle. Décrocher un emploi stable. Tomber sur une femme à la voix suave, intelligente, exquise et cordon bleu, qui nourrit notre ventre et nos reins parce qu’elle nous aime plus que nous ne le méritons. Etre donc un homme ordinaire aux côtés d’une femme extraordinaire. Lui faire peu ou beaucoup d’enfants. Vivre une vie de famille entre instabilité, fidélité, prospérité et éternité. Oh ! Oui. Nous avions toujours eu une vision mielleuse de l’avenir.
 
Le contraste est que certains d’entre nous ont heurté dès leurs jeunes âge, l’écueil de la débrouillardise. D’autres beaucoup plus tard. D’autres encore ne l’ont jamais connu.
 
Ce que la vie s’est autorisée à nous apprendre de force, c’est que nous sommes dans une société où tout n’est pas fait que de liesse, d’allégresse et d’ivresse. Il y a tantôt un tantinet de désillusion, tantôt de l’exultation jusqu’à satiété, tantôt de la complication à n’en point finir, tantôt de l’exaltation sans que nous ne nous y attendions.
 
Tout ce revirement embrasse tous les domaines de notre vie. En amour comme en amitié. A l’école comme au service. En famille comme en relation.
 
En réalité, la vie se résume dans la simplicité. Et ce qu’elle a fini par nous enseigner à nous autres moins vieux, est que nous devons être lent à la colère, être patient. Nous devons être humble, être ouvert à tous, petit ou grand. Nous devons êtes honnête, ne pas tricher les autres. Nous devons nous armer de recul, ne pas laisser nos émotions obscurcirent notre raison. Nous devons être généreux, partager avec les autres. Nous devons garder de saines relations humaines, ne pas laisser l’argent et l’opportunisme nous diviser. Nous devons retarder notre jugement en toute circonstance, en laissant le privilège aux autres de s’expliquer. Même si leurs actions semblent parfois erronées, le motif peut être bon. Nous devons pardonner, sans garder rancune. Nous devons aimer, sans réserve. Nous devons travailler aussi longtemps que nous le pouvons pour obtenir cette autonomie dont nous avons besoin pour nous épanouir. Savoir nous arrêter, prendre une pause pour profiter des petits plaisirs de la vie. Et par-dessus tout, trouver du temps pour formuler des remerciements et prières à Dieu.
 
Sinon, aujourd’hui c’est le 29 février. Rendez-vous dans 4 ans…
 
Bonne semaine de travail, heureux mois de mars à toutes et à tous !


De la plume à la plume parlante

Coup de Plume de Jeff Ikapi
Coup de plume de Jeff Ikapi

Bien le bonjour,

Ce blog a été choisi pour faire l’objet d’un documentaire par un étudiant en fin de parcours Licence de l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts de l’Université de Lomé. Ce choix remonte à deux mois déjà mais mon indisponibilité a retardé la réalisation du documentaire en question. Ceci va pouvoir se faire dans le courant de ce mois afin de pouvoir vous présenter, chers lectrices et lecteurs, la vidéo réalisée dans un bref délai. Vous trouverez à la suite de ces propos la fiche technique servant de protocole d’interview.

Bien à vous !

Fiche technique

Titre (titre provisoire): Guillaume DJONDO, de la plume à la plume parlante, une histoire de blogueurs togolais.

Auteur: Patrick Katinga SANGA et ses camarades de promotion de l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts de l’Université de Lomé. (ISICA-UL)

Angle de traitement: Le blog, quelle importance pour l’expression de la jeunesse togolaise au-delà des médias classiques aujourd’hui : portrait témoignage de Guillaume DJONDO

Genre: Portrait

Durée: 26 min.

Synopsis

Petit historique

Dans les années 90, il était quasiment impossible pour un(e) jeune de donner sa vision des choses, ses sentiments par rapport à la situation de son pays, des activités qui s’y déroulent, et plus encore, lancer un coup de gueule en direction des acteurs sociopolitiques, sans passer par les radios pirates, les journaux privés ou publier un livre. En une décennie, la situation a plus que changé. La vulgarisation de l’Internet a donné des moyens d’expression à tout le monde. La jeunesse ne s’est pas fait prier. Ces moyens d’expression au fil des années sont devenus nombreux et variés donnant ainsi le maximum de choix possibles. Les blogs font partie de ces nouveaux moyens. Le Togo regorge de talentueux blogueurs qui ont su s’imposer sur la blogosphère nationale et internationale. Parmi ceux-ci, le célèbre auteur de La Plume Parlante, Guillaume DJONDO.

Traitement

Il s’agira concrètement pour moi de recueillir au cours de plusieurs séquences d’interviews faites au personnage principal, et à deux ou trois autres de ses camarades blogueurs, pour raconter l’histoire des blogs au TOGO, la place qu’ils occupent dans leur  vie (de jeunes et moins jeunes) en mettant en emphase Guillaume DJONDO. Une fois les interviews tournées, d’autres images d’illustration seront tournées dans un cyber avec en premier plan quelqu’un en train de mettre à jour son blog. Passant de la période des cybers à celle des ordinateurs personnels avec des connexions internet personnelles, le personnage sera filmé en train de répondre aux commentaires de ses lecteurs.

Pour finir, une ouverture sur les espoirs du personnage dans le futur du numérique au TOGO avec un clin d’œil aux difficultés qu’il rencontre et ce qu’il pense qu’il faut faire pour que ces difficultés soient réduites.

Interviews :

L’essentiel de notre travail sera basé sur l’interview du personnage, aussi les images à insérer pour casser la monotonie sont les lieux, les endroits dont il nous parlera.

Présentez-vous. Qu’est-ce qu’un blog ? Quel est votre souvenir du premier contact avec un blog ? Pourquoi est-ce que vous bloguez ? Comment arrivez-vous à réussir dans le bloging ? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Quels sont les sujets qui intéressent plus vos lecteurs ? Quels sont les auteurs que vous lisez souvent ? Quels sont les blogs que vous visitez souvent ?

Des questions d’ordre personnel ou de vie privée pourront être posées si le personnage n’y trouve pas d’inconvénient.

Principaux plans descriptifs :

L’ouverture se fera en gros plan montrant un écran d’ordinateur sur lequel on aperçoit la page d’accueil du blog senadjondo.mondoblog.org. J’alternerai constamment entre les interviewés tantôt en plan d’ensemble si le décor s’y prête et un plan rapproché pour mieux mettre en exergue leurs différents traits. La diversité des décors dans lesquels les interviews vont se passer va imposer une diversité des plans de capture.

Mes amitiés.


A l’éternelle amitié…

Crédit : www.gastonchristian.org
Crédit : www.gastonchristian.org

C’est une amie drôle et farceuse,
Le sourire au coin, parfois rageuse,
Une comme il n’en existe plus,
Dans ce monde truffé de caustique, au surplus.

Une fille versatile devenue une sœur,
Que vous aimerez de tout votre cœur,
Charmante et sensible à l’intérieur,
Sublime et séduisante de l’extérieur.

Jouvencelle dont on aura du mal à trouver les mots,
Demoiselle pour laquelle ils doivent être les plus beaux,
Qui lui ressembleraient peut être un peu ,
Et qu’elle aimerait bien tel un vœu.

Avec elle, c’est une amitié plus forte que tout,
Qui s’alimente de sentiments si doux,
Qui vous donne tant de forces à deux,
Et que l’on voudrait toujours garder merveilleux.

Des ami(e)s, tout le monde en a, mais toi, il n’y a que moi à t’avoir.

Joyeux anniversaire ma puce.


Lundi de la malchance

Bien le bonjour,

Déjà au réveil ce matin, je n’avais qu’une envie : dormir et me réveiller le lendemain. Mais bon, il y a des choses comme le travail qui ne savent pas attendre.

6h15′, tentative.

Tout le long du trajet de la maison jusqu’au rond-point de la douane adidogomé, j’avais l’impression qu’un fantôme me suivait et que je devais faire attention. L’intuition !

J’arrive dans les environs du quartier Avé-maria quand un chauffeur de Nissan Qashqai sort sa tête, regarde quelques minutes dans son rétroviseur et envoie une grosse mucosité évacuée par sa bouche. L’incivisme !

Le liquide défiant les lois de la physique, et emporté horizontalement par le vent, prend la direction de nous autres conducteurs derrière la voiture. Mouf ! On aurait cru qu’on avait un aimant sur nous qui l’attirait. L’aimant de la malchance. Défiant les lois de l’équilibre comme Michael Schumacher, j’évite une grande partie du liquide qui finit par atterrir sur le visage du zémidjan qui était juste derrière moi. La petite partie réussie quand même à se loger sur ma chemise.

Je fais un arrêt rapide, après des difficultés à me frayer un chemin dans la circulation, devant le gros baobab en face de l’entrée Kouvahey. (Petite parenthèse… Les Togolais n’aiment pas céder le passage. Je ne comprends pas cette attitude. Vous pouvez être coincés en plein milieu d’une voie, personne ne vous cède. Vous pouvez vous engager en sortant d’un angle d’une rue, personne ne vous cède. Quitte à vous faire tamponner par un gros camion, on s’en fout. Tout le monde est pressé. Conséquence : il y a du forcing par moment dans la circulation.) Evitant de nombreux télescopages, je me procure un sachet de pure water et à l’aide d’un papier mouchoir, j’essuie le crachat.

6h45′, confirmation de la poisse.

Je reprends ma route jusqu’au rond-point Nyékonakpoè près de la station d’essence total où à mon arrivée le feu tricolore était sur orange. Comme les autres conducteurs à ma gauche, je passe. Subitement un bâtard sort de nulle part, se faufile dans la circulation mais ne réussit pas à arrêter les deux taxis. Dans un geste acrobatique, il se retourne vers moi pour m’intimer l’ordre de serrer. Je m’arrête pendant que les autres motos me dépassent.

Moi : monsieur, il y a quoi ?

Lui : violation de feux tricolores.

Moi : violation comment ?

Lui : violation, c’est violation. Ça fait 5.000fr + carte d’identité + pièce de la moto.

Moi : mais mais mais, vous êtes sérieux ? Je n’ai commis aucune infraction, monsieur. C’est de l’abus !

Lui : tu veux m’apprendre à faire mon travail ? D’ailleurs, donne les clés. On se voit à BM.

Moi : Brigade Motorisée ?

Le temps que je me retourne vers son collègue qui me parlait, le bâtard démarre ma moto et se dirige vers une destination inconnue. J’attrape le premier zémidjan qui passe et je le suis. Il nous fait faire le tour de Déckon avec mon pauvre carburant d’étudiant avant de revenir au rond-point de l’ancienne direction de la Lonato et gare ma moto dans le coin de Lang Center. Sorcellerie ! J’ai eu le temps d’expliquer au zémidjan la situation. Ce dernier m’a demandé de le laisser négocier.

Le zémidjan se dirige vers le bâtard qui lui dit d’un ton menaçant que je suis récalcitrant et impoli. Que j’aurai pu partir plus tôt si je parlais le même langage que lui. Au lieu de ça, je lui parle gros français avec des expressions d’intellectuels. (Infraction et abus, sont devenus des gros mots ? Okay) Les deux hommes discutent en messe basse pendant une dizaine de minute. Le zémidjan revient vers moi et me demande de lui donner trois mille francs. Je lui dis : c’est de la corruption. Je ne donne rien. Il me dit que le bâtard a juré de me faire perdre ma journée et m’explique que c’est parce que je suis en chemise pagne, qu’il a déjà calculé ma poche. L’apparence hein… Je regarde ma montre, il est presque 8h. Je fais le têtu les 5 minutes qui suivent puis, ma témérité se heurte à la dure réalité : le retard d’un stagiaire un Lundi matin est mal vu par son employeur. Je sors mon portefeuille et je lui remets toute ma fortune, deux mille francs. Ao… ! :'( Il va voir le bâtard et revient vers moi avec ma clé de moto. Il prend soin de me dire : remets-moi ma part maintenant, frère. Donc le type n’a pas pitié de moi ? Il veut une prime de négociation ? La solidarité est morte ! Je lui remets le reliquat, les quelques pièces que j’avais pris après avoir acheté du carburant en quittant la maison.

Non seulement je suis arrivé en retard au service mais je suis obligé de faire un carême forcé. Si vous apprenez un jour que je suis en prison, ne cherchez pas loin. C’est certainement pour avoir cassé la gueule ou pour avoir donné un coup de poing à un policier bâtard, une bande de corrompus.

Bonne semaine de travail.

Bien à vous !


A ma Valentine retrouvée…

 

Des sentiments si doux,

Apportant le courage,

Transperçant à un rythme fou,

Vers de plus beaux rivages.

 

M’envahissent en toute douceur,

Ce jour où tout en moi s’en exclame,

Comme un arc-en-ciel de bonne humeur,

Au point où ton esprit me réclame.

 

Cet amour tendre qui naît,

Subitement tel un chaton,

Que l’on rêverait,

Avoir au quotidien à foison !

S’apparente à un jour,

Qui nous rend heureux,

Qu’on voudrait toujours,

Garder merveilleux.

 

Au cœur des douceurs,

Je souhaite t’aimer,

Pour des millions d’heures,

Dans l’infini bonheur.

 

Une valentine perdue,

Il y a un an déjà,

Et une autre retrouvée,

Cette année-là.


Le mariage, les bretelles et moi

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Il est des heures fragiles où les amarres nuptiales peuvent se rompre, et les mariés très souvent le savent bien. Ces heures ce sont celles qui s’égrènent lentement et dans lesquelles il arrive au célébrant d’un mariage de prononcer : « si quelqu’un s’oppose à ce mariage, qu’il se manifeste maintenant ou qu’il se taise à jamais » (Je dis hein… On ne peut pas supprimer cette partie-là dans les discours ? ) Mouf !

Samedi 06 février 2016, il est 15h30. L’enveloppe et la beauté de la carte d’invitation parlent d’elles-mêmes. Le mariage a commencé depuis une heure déjà.

Pendant que l’on attendait impatiemment que le prêtre poursuive la célébration du mariage, une jeune femme fit son entrée, emplit aussitôt la pièce de sa présence, allure de mannequin, corps noueux, chevelure indomptée, visage déterminé, un parfum Dior agressif que l’on pouvait sentir de loin, surligné par son maquillage. Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’elle est belle, murmura le jeunot qui était à côté de moi. Sa copine avec qui il était venu lui jeta un regard effrayant et ne s’est pas faite prier avant de lui faire une scène de ménage : « je suis juste à côté et tu regardes une autre femme ? Eéééh Kodjo, tôté ahassi bé agbé wan vidé laaa hin » (Traduction : eh Kodjo, arrête un peu cette vie de débauche) Le sentiment immédiat d’un petit scandale dans un grand nous transperce la poitrine. Pendant qu’on se demandait si ce n’était pas une autre copine du marié qui venait de faire son entrée, la jeune femme s’avance rapidement dans le couloir que vient d’emprunter la mariée avec sa longue robe blanche en fixant le prêtre depuis l’estrade et en se dirigeant vers le couple de mariés. La force avec laquelle elle a ouvert la porte et le rythme accéléré de sa démarche nous ont convaincu qu’elle était là pour interrompre ce mariage. L’assistance visiblement intriguée par une présence à ce moment crucial retint son souffle. Qui est-elle ? Que va-t-elle dire ? Pourquoi est-elle de blanc vêtue ? Pourquoi tenait-elle un bouquet de fleurs ?

La conversation dans le temple commence à la fois docte et gaillarde, mêle français et éwé sur la manière dont elle s’est habillée. Elle fait en passant une minauderie à l’assistance qui la regarde, glousse d’aise et rigole. Puis, dès qu’elle arrive à la fin du couloir à côté de l’estrade, se juche sans façon sur le siège devant le mien, se cale entre deux messieurs, pose ses grosses fesses sur le siège et dit au prêtre : poursuivez s’il vous plaît. Ouf de soulagement, pouvait-on lire dans le regard des époux !!!

Une partie de l’assistance n’a pas tardé à pousser des jurons, une autre à réclamer silence pour que la bénédiction nuptiale se poursuive. On a pas eu le temps de fixer le célébrant et les mariés, qu’une dizaine d’abeilles firent leur entrée et bourdonnaient aussitôt autour de la jeune dame qui venait de s’installer. Quelques secondes plus tard, c’est toute une colonie d’abeille qui fit son entrée dans l’église provoquant la frousse. Le parfum un peu trop piquant de la jeune dame avait réussi à éveiller le sens de ces insectes qui n’ont pas tardé à nous envahir. Mince ! Pris de panique, nous avions couru dehors histoire de chercher un abri sûr.

Mon pantalon se pliant sous mes fesses comme celui d’un rappeur américain et moi l’attrapant par moment pendant la course pour le soulever comme un rappeur togolais ; Mes bretelles m’empêchant de courir convenablement comme le jamaïcain Usain bolt pour atteindre la voiture de mon cousin, je décidai de me réfugier dans la maison en face de l’église. Erreur ! La porte était fermée. J’ai vu de loin un bar à 3min de l’église. J’ai enlevé mon nœud papillon qui commençait à m’étouffer. Ouf, je respirais mieux. J’ai sorti le seul papier mouchoir qui me restait, j’ai essuyé les grosses gouttes de sueur que j’avais sur mon front. Je me suis baissé, j’ai enlevé mes mocassins, j’ai plié mon pantalon, j’ai serré mes bretelles, et j’ai couru de toutes mes forces comme un éthiopien à un jeu olympique. Je n’étais visiblement pas le seul à avoir eu cette idée. D’autres personnes sorties de l’église ne tardèrent pas à me suivre. Le cri des femmes fit sortir la gérante et les serveuses du bar qui en nous voyant arriver nombreux et poursuivis par les abeilles, ont fermé l’entrée. (Non-assistance à personne en danger hein ? ) Pire, le Dj sans doute complice de leur agissement n’a pas manqué d’augmenter le son de la chanson qu’il jouait. Je pouvais entendre, en dépassant les gros baffles à l’entrée du bar, le refrain de la chanson akobo poussière du groupe akobo system. J’ai tout de suite compris que je ne pouvais compter que sur mes pauvres jambes frêles et que si je ne courrai pas plus vite que les autres, j’allais mordre de la poussière.

Si vous me voyez en culotte avec une chaussure de sport nike à votre mariage, ce ne serait pas parce que j’aurai perdu le goût de la mode (Estelle Gloria de ‪#‎ModernEtChic‬# est toujours là pour les bons conseils). Mais, ce serait par mesure de précaution. Avec la multitude de parfum bizarre sur le marché, on ne sait plus vraiment quand peut venir le danger et quand il faudra courir dans ce pays.

Bonne semaine aux amoureux.

Bien à vous !


Le 13 Janvier, la TvT et le Général

crédit : republicoftogo.com
crédit : republicoftogo.com

Il était une fois une date, une journée de liesse populaire et de défilé militaire. Quand elle tombait sur un Jeudi, ça faisait un long weekend de 4 jours puisque le lendemain était férié. Pareil quand ça tombait également sur un Lundi. Cette date, c’était celle d’aujourd’hui, le 13 Janvier. Elle marque un temps, une époque, un souvenir, le règne d’un homme dans la tête de nombreux togolais. Cet homme, militaire de formation, président d’une nation par un concours de circonstance, c’était le Général Gnassingbé Eyadéma.


Une date, deux hommes.

La date du 13 janvier n’était pas une date ordinaire. Elle était celle choisie pour non seulement la célébration de l’accession au pouvoir du tout-puissant président mais aussi celle de l’assassinat du feu président Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance du togo. Contradiction !

Ma grande mère m’a raconté que c’est : « au petit matin du 13 Janvier 1963, qu’un corps sans vie gisait aux abords de l’ambassade des États-Unis au Togo. Ce corps sans vie, celui de Sylvanus Olympio, était le symbole de la démocratie Togolaise réduit au silence par des forces obscures. »

C’était une date qui faisait donc polémique parce qu’elle divisait fondamentalement le togo en deux. La partie du Nord en majorité constituée de Kabyè, ethnie du président Gnassingbé Eyadéma, qui supportaient aveuglement toute action de sa part; et la partie du sud en majorité constituée d’Ewé, ethnie du défunt président assassiné Sylvanus Olympio qui n’avaient toujours pas digéré la perte subite d’un homme charismatique qui a conduit le togo vers son indépendance.

L’idée d’une célébration en grande pompe faisait le bonheur de certains pendant que d’autres la considérait comme pantomime. Elle était l’occasion pour les militaires de sortir de leur casernes, de faire une démonstration de force par un défilé riche en couleur, et de renouveler leur soutien au général. Un défilé suivi de décorations et de grandes décisions, tant en grâce présidentielle pour les détenus pour crimes ou délits, que pour nommer, poser une première pierre ou encore inaugurer. C’était également l’occasion pour les directeurs de toutes les écoles publiques, du lycée au primaire, de faire du zèle en obligeant les petits écoliers que nous étions à nous entraîner des semaines avant cette date, à nous présenter très tôt à ce défilé, et à supporter la chaleur, le soleil et le retard des autorités le jour du défilé en toute sueur. C’était également une double occasion pour une frange de la population de profiter du dîner somptueux qui est offert à l’entourage du président dans la soirée et de prendre quelques liasses de billet qui seront distribuées à la résidence privée, j’ai nommé Lomé II. Mais au même moment, et de l’autre côté de la frontière à l’Est pour se recueillir, Gilchrist Olympio, n’avait que le chemin des contrebandiers pour rallier la tombe de son père Sylvanus, premier président du Togo indépendant, assassiné le 13 janvier 1963.

Plus le temps passait, plus cette date avait de l’importance pour le général, plus elle divisait le pays en deux et plus elle raffermissait le sentiment d’une préférence pour les peuples du Nord au détriment de ceux du Sud du pays.

Les nombreuses tentatives de coup d’état imputées à l’opposition en majorité constitué d’hommes du Sud, l’attribution du terme « père de la nation » au général en négation de celui de « père de l’indépendance » à Sylvanus Olympio, l’absence de justice pour déterminer les conditions et les véritables coupables de l’assassinat du président Sylvanus Olympio ont alimenté un sentiment de haine des peuples du Sud contre ceux du Nord. C’est essentiellement l’administration publique qui en a subit le coup avec le favoritisme, la partialité et la régionalisation. Ce que l’ethnie du feu président Sylvanus Olympio reproche au feu président Gnassingbé Eyadéma, c’est d’avoir eu [à tort] le courage d’assumer la paternité de cet assassinat calamiteux. Nombreux sont ces hommes et femmes qui considèrent ce geste comme désastreux. La raison ? Tout simplement parce qu’il y avait des rumeurs qui attribuaient ce coup d’état à la France. Il fut un moment où le général nia avoir tué de ses propres mains Sylvanus Olympio mais la graine de la rancœur ayant déjà été semée, personne n’y fit attention. Puisque ce qui est dit ne peut très souvent pas être facilement dédit, le général a été longtemps détesté pour ce geste maladroit.


Une date, deux médias.

La Télévison Togolaise, la chaîne nationale propagandiste des œuvres du chef de l’état, était l’autre source de division en cette date. L’inexistance de média privé à l’époque obligeait tous les détenteurs de télévision blanc-noir en version cathodique à suivre l’unique chaîne de télévision à l’intérieur du pays surtout et à Lomé. A l’exception de quelques privilégiés qui avaient l’antenne CFI, le reste de la population n’avaient d’autre choix que d’allumer ou d’éteindre leur postes téléviseurs. Tous les programmes mouraient en même temps que le feuilleton qui permettait de distraire les populations à 19h30′. Pendant deux semaines, la TvT ne connaissaient plus ni publicité, ni intermède. C’était le défilé militaire, région par région, préfecture par préfecture, canton par canton, toute la journée et en bonus une édition spéciale dans les deux langues nationales. La TvT et sa jumelle, Radio Lomé, devenaient subitement l’objet de tourmente et de torture des citoyens. Tous les programmes étaient suspendus durant deux semaines pour faire la large diffusion de tout ce qu’il y a eu le 13 janvier. Rien ne devait passer inaperçu dans les 56.600km2 de bout de terre. On pouvait entendre en bande sonore ou audio-visuelle, les discours et les blagues du général dont seul ce dernier avait les secrets pour amuser la galerie.

Bien des années plus tard, le général décéda, son fils lui succéda. La succession de ce dernier n’a pas obtenu l’assentiment d’une large moitié de la population en raison des circonstances liées à sa prise de pouvoir. Tout s’est fait dans un bain de sang occasionnant de nombreux morts.

Puis un soir du 10 janvier 2014, par simple communiqué le gouvernement a décidé de faire de la date du 13 janvier, une journée ordinaire et donc ouvrable. Cette décision était, nous a-t-on dit, prise pour placer les futures actions sous le signe de réconciliation nationale et d’apaisement politique.

Pendant que les personnes victimes ou non des sempiternelles querelles intestines entres les familles Olympio et Gnassingbé s’en réjouissaient, certaines personnalités dans le camp du fils du général s’estimaient médusées par une telle décision. Ces derniers estimaient que cette date n’avaient pas à être supprimé pour satisfaire l’ego de certaines personnes. Pour d’autres encore, décréter par simple communiqué du gouvernement, rédigé à la hâte dans les couloirs du palais de la Marina, de faire du 13 janvier une journée ouvrable, est un acte anticonstitutionnel qui met à nu toute la maladresse du gouvernement. Ainsi donc ils ne sauraient tolérer que dans une République, l’on navigue autant à vue alors que toute la charpente du droit, de la Loi et des mécanismes de fonctionnement de l’Etat est déjà en place et ce depuis des années.

C’est tout un débat qui a été entretenu autour de cette date. Mais il faut le reconnaître, cette décision a été la plus courageuse que le fils du général ait prise malgré les ronronnements dans son propre camp.

Aujourd’hui encore certains souvenirs restent frais dans nos mémoires et la question se pose toujours. Fallait-il supprimer cette date ? En tant que fervent défenseur des droits humains, je dis OUI. Mais il ne faut pas en rester là. Supprimer une telle date ne suffit aucunement pour réconcilier ce peuple. Il reste encore beaucoup d’actions et de décisions qui témoigneront de la bonne foi du gouvernement. Pour l’heure, le gouvernement et à leur tête le chef de l’état ne restent que des manipulateurs. L’absence de prise en compte des recommandations de la CVJR, le non-respect des accords de Ouaga, l’absence de réformes constitutionnelles et institutionnelles en sont la preuve. Il est temps pour le régime en place de penser à faire rapatrier les restes du feu président Sylvanus Olympio n’attendant que de fouler le sol du territoire qu’il a porté à l’indépendance. Il y sera mis fin à un demi-siècle de forfaiture, d’injustice et d’imposture. Enfin, ce sera plutôt un pas.

Bien à vous !


Demain dès l’aube

Demain dès l’aube, il oubliera sa prunelle,
La rosée emportera leurs promesses éternelles,
Avant que le soleil ne se lève sur leurs peurs,
Et qu’ils ne soient plus en mesure de se faire des adieux en douceur.

C’est le fruit de ce lien qui s’est douloureusement brisé hier soir,
Cette étincelle brûlante qu’on ne peut voir,
Parce qu’étant un sentiment avide,
Qui laisse peu à peu un vide.

A l’heure où la nuit s’en ira,
Deux cœurs s’étaleront en parviflore,
Un autre en rira,
Chagrins et amertumes s’empliront à l’aurore.

Des larmes couleront sans regrets,
L’indifférence s’installera désormais,
Chacun fera sans l’autre des progrès,
Pour que la vie continue son cours à jamais.