Guillaume DJONDO

Le destin

Crédit : journaldunet.com
Crédit : journaldunet.com

Le destin est un bien grand mot qui fâche,
Qui nous laisse souvent perplexe,
A la découverte de ce qu’il cache,
Sous l’immensité de son sens complexe.

Lors de ses surprises qui nous ôtent espoir,
Nous laissant croire qu’on s’accroche à faire,
Dans des lendemains remplis de désespoir,
Ce que Dieu lui-même s’acharne à défaire.

Entre nos besoins d’amour, de richesse, et de religion,
Il s’installe avec doute et se targue,
De nous laisser faire sur lui diverses opinions,
Qui demeurent toujours assez vagues.

En nous accordant parfois tardivement,
Ce que nous lui demandons à la limite du supplice,
Ce qu’il offre à d’autres bonnement,
Dans un procès sans aucune forme d’artifice.

Une notion aussi insaisissable que Dieu,
Qui nous ramène souvent à la dure réalité,
De ce que nos vies sur terre ou dans les cieux,
Ne se conjuguent que dans la fatalité.

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Le médecin, la comptable et les domestiques

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Bien le bonjour lectrices et lecteurs,

Aujourd’hui dans les familles, avoir des enfants est devenu une preuve d’identification et de démarcation sociale.

Fils unique d’une famille modeste, le mari est un monsieur affectueux, tendre et calme. Le genre d’homme qui ne cherche pas des embrouilles. Un monsieur taquin au besoin, gentil avec tout le monde le sourire aux lèvres. Un médecin coincé entre le suivi de ses patients pendant ses gardes nocturnes et les urgences dans sa petite clinique dans l’immeuble de sa maison. Cette maison, c’est celle de mon voisin qui se trouve être le médecin, le mari.

Sa femme est une employée de banque. Une belle femme de teint clair gratifiée de formes généreuses par la nature, des rondeurs. Une forte poitrine s’écrasant sur son abdomen et une grosse hanche formant un dos d’âne sur son corps avant de se perdre dans la mer intérieure de ses fesses. Le fantasme des hommes du quartier ! Une dame mégère, sardonique et cynique. Sa malignité lui a valu le surnom « la dame de fer » dans le quartier. Non seulement pour la difficulté des parents de son mari de séjourner au-delà de trois jours chez eux sinon c’était un scandale qui les attendait (est-ce que ici c’est un hôtel ?) mais aussi pour l’impossibilité des domestiques qu’elle accueillait de supporter qu’elle vocifère sur elles, au-delà de deux semaines. Elle se complaisait dans les démons de l’arrogance et changeait les domestiques comme sa petite culotte.

Le mari ne rentrait souvent qu’à l’aube après une nuit de garde à l’hôpital. Il se reposait quelques minutes avant de se soumettre à l’obligation de conduire sa femme à son bureau. Gare à lui s’il dort un peu trop ou s’il tardait à sortir la voiture du garage.

Sa femme le chargeait directement devant les petits écoliers du quartier qui passaient, devant les voisins qui balayaient leur devanture, devant les commerçants qui ouvraient leurs boutiques :

C’est quel homme mou comme ça ? Où je t’ai trouvé même ? Tsruuuuuuuuu. Fais vite, je risque d’arriver en retard. Je te préviens si tu lambines et que j’arrive avec plus d’une minute de retard, on ne va pas s’entendre du tout.

Le mari en toute patience lui répondait : calme-toi, chérie. Tu ne seras pas en retard. Je connais l’itinéraire qu’il faut pour nous éviter les embouteillages.

Elle rétorquait : laisse ça. Au lieu de conduire, tu parles encore ?

Il se racontait même dans le quartier qu’elle réagissait comme ça parce que le mari ne la frappait pas correctement avec sa ceinture. Pardon, ce qu’il en avait en dessous.

Le passage des domestiques se multipliaient dans leur demeure comme des dépôts de dossier d’un chômeur pour des entretiens d’embauche. Celles qui avaient le sang-froid passaient le cap de deux semaines et pouvaient lanterner jusqu’à trois mois. Celles qui n’en avaient pas tombaient dans le piège d’une dispute avec la maîtresse de maison et se faisaient renvoyer le lendemain. Le temps passait et aucune domestique ne traînassait pendant un an. Il en était de même pour les petits vacanciers dont on pouvait entendre les gémissements parce qu’ils se faisaient corriger par la dame tard la nuit ou tôt le matin. Le voisinage en constatant un nouveau visage à leur devanture, déduisait automatiquement que l’ancienne domestique était partie.

Sept années ont passé mais n’ont pas changé les habitudes dans le foyer. Les domestiques souvent dans la trentaine défilaient toujours comme à un casting. Le mari qui parlait toujours à peine, et la femme qui se distinguait par son invective. L’envie d’avoir un enfant se manifestait et se matérialisait désormais dans chacune de leurs réactions. Dans les discussions matinales, dans les analyses médicales, dans les visites de leurs amis, dans les réunions de leurs familles, dans les séances de prière diurnes, dans les veillées de prière nocturnes. La femme imposait désormais à son mari un style de vie s’inscrivant dans la quête perpétuelle d’atteindre ce confort éphémère, avoir un enfant.

Rien n’y fait. Aucun miracle ne se pointait à l’horizon. La seule chose grosse qu’on pouvait constater était les fesses de la femme. Son ventre, lui ne semblait pas prêt à grossir. Mauvais coup du sort !

Un dimanche matin, pendant que le couple se préparait à aller prier le bon Dieu encore une fois, l’oncle du mari et trois de ses tantes sont arrivés par surprise. Leur présence sur les lieux n’était pas hasardeuse. Ils étaient venus notifier au couple leur frustration d’apprendre qu’ils étaient dans l’impossibilité d’enfanter. Et qu’après conseil de famille, il a été décidé d’oublier cette idée d’adoption et de faire perpétuer le nom patronymique du médecin en lui donnant une autre femme comme épouse.

Epouvantée, la femme du médecin s’est mise à insulter les proches de son mari. Elle criait comme une forcenée pour les faire sortir de la maison. Devant leurs hésitations, elle a commencé à leur lancer tout ce qu’elle trouvait sous la main. Malheureusement, elle avait lancé une bouteille qui a atterri dans le visage de l’oncle qui conduisait la délégation. Ce dernier s’est tout de suite retrouvé le visage ensanglanté. Cette blessure de l’oncle a provoqué de l’hystérie chez les tantes du médecin qui s’en sont prises à la femme de ce dernier. A trois, elles essayaient de l’attraper pour lui donner une leçon. Mais elle s’est habilement cachée dans les toilettes. Après de vaines tentatives pour casser la serrure de la porte parce que le médecin s’interposait, elles sont reparties à la clinique où l’oncle recevait ses premiers soins. Repli stratégique !

Après près d’une heure de silence, les cris de détresse incessants de la femme ont alerté le voisinage de nouveau. Les tantes avaient fini par attraper la femme et la tabassaient. Beaucoup de voisins ont hésité à lui porter secours parce qu’ils se disaient que c’était bien fait pour elle.

Devant un cri assourdissant, pour éviter une poursuite pour non-assistance à personne en danger, une poignée d’homme s’est décidée à lui porter secours. Après des minutes de négociation, ils avaient fini par entrer dans la maison et libérer la femme des griffes des proches du mari.

La petite délégation qui était venue le matin s’est agrandit le soir avec les parents et des cousins du médecin. Il était maintenant question de mettre les bagages de la femme du médecin dehors pour laisser la voie libre à une autre femme plus douce avec la famille. Mais le mari ne voulait pas d’une telle proposition. Il voulait retrouver la quiétude de son foyer avec sa vraie femme. Celle qu’il a épousée devant Dieu et devant les hommes, pour le meilleur et pour le pire.

Devant la pression de la famille, le médecin a quitté sa propre maison. Depuis trois mois, sa clinique fonctionne au ralenti et personne n’a vu le couple dans le quartier depuis ce dimanche-là. La maison est actuellement occupée par les parents du médecin et certains de ses proches.

Ce que les maris sont, ce que leurs femmes ont et ce que leurs domestiques font, contribuent ou non très souvent au bien être des foyers.

Personnellement, même si je n’aime pas cette femme, je pense que le mari a bien fait de défendre son foyer. D’ailleurs, je ne comprends pas quelque fois l’implication des familles dans la gestion des couples.

Bien à vous !


Clairvoyance d’enfance

Credit : www.monquotidien.fr
Credit : www.monquotidien.fr

Il ne m’arrive pas souvent d’aller aux veillées funèbres encore moins aux funérailles. Non seulement pour l’ambiance revêche qui y règne, mais surtout pour cette rétrospective personnelle, cette interrogation existentielle à laquelle on se soumet une fois qu’on est chez soi. Mais au-delà de tout ça, c’est l’excentricité des hommes qui me surprend.

Un dimanche matin de l’année 2002 à Aného, je me suis retrouvé épouvanté debout devant le corps dans un cercueil d’une de mes tantes. Une tante que j’aimais beaucoup pour les petits billets de 500 francs neufs qu’elle me glissait de son vivant. Rares étaient mes oncles qui pleuraient. Mais mes tantes et mes cousines, elles pleuraient toutes les larmes de leur corps en criant le nom de la défunte. Plus tu avais de l’argent de ton vivant, plus on te pleurait à ta mort hein !

J’ai vu un de mes oncles qui avait l’habitude de m’embêter quand j’étais gamin. Le type même d’un Anéhôto. Le genre d’oncle à te suivre partout comme ton ombre quand tu es au village chez lui. Il te donne des leçons de morale partout où il te croise. Pendant les deux jours du week-end que tu passes à ses côtés, il essaye de refaire toute ton éducation. Pensait-il que mes parents avaient échoué en 13 ans à m’éduquer ? Je ne sais pas.

Dans la foulée, je me suis rappelé qu’à cause de lui, quand j’étais plus jeune, je détestais aller aux mariages parce qu’il venait toujours près de moi, me donnait une grande claque amicale dans le dos en lançant un joyeux :

– T’es le prochain, fiston !

Nous nous sommes retrouvés quelques minutes après au cimetière. Là, il y avait une agitation autour du cercueil. Tout le village était présent. Je voyais mon oncle là qui m’intimidait à quelques mètres de moi. Dès qu’on fit entrer le cercueil dans la terre, je me suis approché de lui. De toutes mes forces, je lui ai donné une claque dans le dos et lancé :

– T’es le prochain, tonton !

Il s’est retourné et m’a regardé avec un visage menaçant comme pour me dire « Imbécile, si je t’attrape,tu vas voir ».

J’ai ensuite couru vers ma mère et je me suis caché derrière elle jusqu’à la fin de la cérémonie.

Dans la soirée, j’ai appris que mon oncle m’avait cherché partout dans le village. J’avais hâte de quitter les lieux avec mes parents. Mais hélas, mon film d’horreur avait duré plus longtemps que prévu entre les réunions de famille et les comptes des dépenses à faire. Tout ce temps, j’étais resté collé comme un aimant à ma mère.

La nuit venue, j’ai dormi les poings fermés et avec un œil. J’ouvrais le second œil à chaque fois que quelqu’un toquait à la porte du salon.

Le week-end dernier, j’ai revu mon oncle à un mariage. Je n’avais pas eu de ses nouvelles durant 13 ans. Je me suis approché de lui et je l’ai salué. Nous avons eu une courte discussion, il m’a ensuite dit : « Fiston, on a qu’une vie, il faut en profiter ». Je lui ai répondu : « Tonton, on a qu’une mort, il faut la préparer ».

Je pensais qu’il m’aurait encore donné une calotte ou un coup dans le dos. Mais, il est reparti sans avoir dit mot.

J’ai compris qu’il n’avait pas oublié, mais plus important, il avait retenu la leçon de cette stupide blague que je lui ai faite à l’enterrement de ma tante.

 


Amour virtuel (fin)

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Son entourage lui disait de faire attention,

Qu’elle devait limiter une telle passion,

D’un amour impossible, se faire une raison,

Et tourner la page de cet épisode sans condition.

 

De lui elle était farouchement énamourée,

Elle caressait secrètement des idées,

Celle d’un mariage avec son bien aimé,

Et d’une lune de miel où le temps est figé.

 

Ils ont échangé des photos sur whatsapp,

Ils ont longuement discuté sur skype,

Des fantasmes ils ont formulé,

Des envies ils ont comblé.

 

Un premier rendez-vous il y a eu,

Des baisers langoureux ont plu,

Des cadeaux ils se sont donnés,

Ensemble ils se sont amusés.

 

Le lendemain elle ne s’est pas réveillée,

Son corps a été retrouvé mutilé,

Ce dangereux inconnu l’a assassiné,

C’était la fin d’une histoire inavouée.


Un amour virtuel (suite)

Crédit : www.coxinhanerd.com.br
Crédit : www.coxinhanerd.com.br

C’était un amour indescriptible,
Prouvé avec des mots indicibles,
Dans des promesses un peu trop irascibles,
Et dans un espoir arrimant l’inaccessible.

Cette quête virtuelle de la singularité,
Se heurtait à l’inquiétude d’une durabilité,
De ces sentiments au détour de l’instabilité,
Qui pouvaient se taire dans l’ombrageuse versatilité.

Malgré tout ce risque, elle lui disait tout,
Plus il en savait, plus il en était fou,
Désarmé et sans un sous,
Il ne lui offrait que des mots doux.

La réalité les rappelait cette effroyable distance,
Qui les séparait malgré cette aisance,
Que tous deux tiraient de cette romance,
Feuilleté par une poussée de chance.

Ce sentiment de monts et merveilles,
Promettait un avenir sans pareil,
En un rêve couleur vermeil,
D’un amour éternel au delà du cercueil.


Un amour virtuel

Crédit : www.hyawhowa.com
Crédit : www.hyawhowa.com

Elle aimait le lire,
Il aimait lui écrire,
Ils se sont rencontrés sur le net,
Puis, ont discuté un tantinet.

De cette discussion fugace,
S’est crée un lien eparse,
La frêle illusion d’une rencontre,
A encouragé ce sentiment à la montre.

De ces émotions qui se transposaient,
Naissait un amour qui se déposait,
Malgré les envies pressantes de craquer,
La tête froide, ils essayaient d’y résister.

C’était un jeu au début,
Dangereux, il s’est transformé en but,
Pour ce sourire qui l’a comblé,
Et par ce désir qu’elle a assemblé.

Qu’importe, elle était amoureuse de ses mots, et de sa voix,
Lui, il était amoureux de sa beauté, et de sa bonne foi,
De joie, il essaimait,
Dans la sincérité, elle l’aimait.


Comment voyager confortablement en 7 leçons

Crédit : www.voyages-debeau-16.com
Crédit : www.voyages-debeau-16.com

Bonjour chers tous,

Au Togo, voyager en transport en commun, c’est comme chercher à aller au paradis. Il faut être patient, se préparer à une déception, l’enfer, ou à une satisfaction, le paradis.

Les compagnies de voyage spécialisées dans les voyages de longues distances sont rares comme les cheveux sur la tête d’un chauve. Il n’en existe manifestement que quatre que j’ai pu recenser. LK, ETRAB, RAKIETA et ADJI.

Sauf si l’on voyage avec un véhicule personnel plus ou moins en bon état, on ne devrait pas s’attendre à un confort lors de nos voyages. Mon récent trajet de 410 km vers le Togo profond m’a donné quelques idées que je vous livre ici.


1- Vite payer son ticket de voyage.

Si vous attendez deux jours avant le jour de votre départ ou sa veille, vous risquez de ne plus voyager pour faute de place indisponible ou ne trouver que des places de derrière. Celles qui ne disposent pas de fenêtres pour vous aérer. Celles qui ne vous offrent aucun aperçu du magnifique paysage devant lequel vous passerez.

Il faut donc aller réserver sa place 5 jours au maximum d’avance et 3 jours au minimum d’avance.

2- Porter un t-shirt léger.

Naturellement, puisqu’il s’agit de voyage et non d’une invitation à un dîner, pourquoi porter un costume, une chemise de longue manche pour s’essouffler et s’étouffer avec la chaleur qu’on s’offrirait gratuitement ?

Il est plus indiqué de porter un t-shirt léger en coton. Et surtout éviter de s’embaumer avec un parfum capiteux et aigu.

La légèreté de votre accoutrement permettra, et à votre peau basanée et à vos narines, d’humecter le peu d’air frais qui vous parviendra.

3- Éviter de manger avant et pendant le trajet.

Les arrêts de bus faisant office de pause étant d’une courte durée, 10mn maximum, il est préférable de prendre les dispositions qu’il faut pour ne pas avoir envie de faire des besoins pressants.

Il est donc important de se décharger au w.c des résidus dans son intestin, de gré ou de force, avant de prendre sa douche et d’arriver au lieu du départ du bus.

A défaut, il faut éviter de manger quelque chose lors du trajet. Ceci, pour éviter de réveiller l’envie de libérer le résidu de ce qu’on aurait mangé pendant le voyage.

4- Prévoir de l’eau minérale.

Ne rien acheter comme eau à moins que l’on veuille attraper une fièvre typhoïde en buvant la multitude d’eau infecte au goût de puits qui circule sous le regard indolent de nos autorités sans que ces derniers ne se prononcent sur leur hygiène et leurs qualités. Pour étancher sa soif, il faut prévoir une bouteille d’eau minérale de marque Vitale, Voltic ou Cristal (dites-moi merci pour la publicité).

Il n’y a que ces trois marques dont la commercialisation soit autorisée par l’institut d’hygiène. La qualité de ces eaux est certifiée par un brevet Iso-9001.

5- Avoir un kit oreillette sur soi.

Voyager en bus, c’est comme aller au stade de football, il y aura des gens qui discuteront à haute voix sans que vous ne puissiez le leur interdire. Si vous êtes un mélomane, je vous conseille d’avoir votre kit oreillette sur vous et l’utiliser dès que la torture auditive commence.

Vous pouvez aussi suivre tranquillement un film ou une série sur votre tablette, votre smartphone pour éviter la nuisance sonore produite par les autres passagers.

6- Dormir le moins possible.

On est confronté à différente sorte d’individu dans le bus. Des individus qui viennent d’horizons divers avec des intentions inavouées. C’est l’occasion pour certains qui sont malveillants de voler les biens des autres. Il est donc important d’être éveillé autant que faire se peut lors du voyage.

Très souvent, il est recommandé de mâcher du chewing-gum. Et puisqu’on est livré à soi-même, en l’absence d’une quelconque sécurité dans le bus, prudence et vigilance doivent être de mise.

7- Ne pas se fier aux vendeurs ambulants.

Ils sont nombreux ces vendeurs ambulants qui vous apostrophent à un moment donné lors du trajet. Ces derniers vous proposent des produits de tout genre pour soulager vos maux. Même ceux les plus improbables et les plus introuvables. Des produits chinois aux produits américains en passant par les produits togolais.

Passez au peigne fin les notices qui y vont avec. Et assurez-vous surtout de ne pas vous laisser avoir par les discours mielleux qui sortent des bouches de ces vendeurs ambulants.


En quelques jours de voyage, nos inquiétudes, nos craintes, nos angoisses, se dissipent avec les rencontres, les nouveautés, les découvertes, les surprises, pouvant permettre la reprise de nos projets, des études, de nos boulots avec une énergie reconstituée.

Après ces lignes, qui peuvent vous servir de guide, je crois fortement que les longs voyages, comme l’incubation d’une larve, nous permettent de devenir autres, nous inspirent des choses, réveillent notre génie, nous offrant une hallucinante poussée de croissance qui nous rend plus ouvert d’esprit, plus épanoui, plus grand à notre retour au bercail.

Voyagez, voyagez, voyagez. Changez d’environnement par moment. Ça vous fera un bien fou.

Bien à vous !


Des filles et de la vantardise (suite)

Voilà, je suis rentré tranquillement à mon hôtel, ce Jeudi, vers 15h30min. J’ai pris une douche pour me détendre et un bon jus de fruit pour étancher ma soif de dromadaire.

Il me souvient qu’avant que je ne m’endorme un peu, afin de faire de l’ombre à la fatigue que je ressentais après ce long voyage, je vérifiais mon téléphone chaque 5min pour voir si un numero inconnu ne m’a pas appelé ou bipé. Rien !

18h00min, je me réveille. Mon premier réflexe est de vérifier si je n’avais pas eu des appels en absence.

Téléphone >>> Dessiner le schéma pour déverrouiller >>> Historique des appels>>> Taper code applock >>> Liste >>> Dernier appel sortant : Maman. >>> Dernier appel entrant : Papa. Bien !

Je ne vois aucun appel manqué récent. Je vérifies si ce ne sont pas mes opérateurs de téléphonie qui me font des misères.

D’abord Zérocel : je tape *444#. Votre crédit est de **** valable jusqu’au 10 Janvier 2016.

Ensuite Voom-Voom : je tape *101#. Solde total est de***, solde tout réseau est de***, validité jusqu’au 1er Mars 2016. Bonus tout réseau est de***. Bonus Voom est de***.

Mince ! J’ai le reseau. Donc elle ne m’a pas appelé hein ? Elle se prend pour Jesus ? Elle pense que son caca sent le parfum de Yves Saint Laurent ou comment ? Mouf…

Ça commençait à m’énerver. N’est-ce pas je faisais mon malin dans le bus ?

19h00min, j’ai faim. Quoi manger ? Je me décide à aller au restaurant de l’hôtel. On me présente la carte, et je commence à avoir du mal à me décider. Mais oui ! Ne prenez pas le risque de commander un repas, à la bourre, avec un nom bizarre. Vous regretterez certainement de payer pour si cher et de manger pour si peu de son contenu.

Apportez-moi du riz aux boulettes, puis, un rafraîchissement. Disais-je à la serveuse. Pendant que je relisais minutieusement les mets sur la carte pour m’imprégner des bizarreries, un jeune couple en face de moi se disputait avec le serveur.

Le gars, avec sa mimbale accusait le pauvre garçon de leur servir du poulet rôti à la place d’une pintade rôtie. Le garçon de service revient avec, ce que je pensais être une pintade rôtie.

Le gars introduit son index dans le fondement de la pintade, goûte son doigt et dit :
– Youa ! Ce n’est pas une pintade de Dapaong. C’est un poulet de Sotouboua. Comment il a fait ? La sorcellerie hein !

Je vous parle de pintade, pas de poulet. Non de Dieu ! Apportez-nous une vraie pintade de Dapaong, je vous prie. Insista le gars.

Un peu plus tard, le garçon lui amène un autre plat. Le couple recommence la même manipulation, se léche l’index et dit:
– Ce n’est toujours pas une pintade. Celui-ci est un poulet qui vient d’Anié. De Pagala-gare, pour être plus précis. Il y a des gens hein !

Repartez en cuisine et cette fois-ci amenez-nous une vraie pintade de Dapaong. Le garçon est reparti avec frustration. J’ai senti le danger venir.

Plutôt que de lui apporter un autre plat, c’est avec un colosse que le serveur est revenu. Le tablier à son cou m’a mis la puce à l’oreille. C’était le chef cuisinier.

20h00min. Une discussion s’engagea.

– Le garçon : les voici.
– Le chef cuisinier : bonsoir madame et monsieur.
– Le couple : bonsoir.
– Le chef cuisinier : il paraît que vous cherchez un rôti que nous ne vous offrons pas ?
– La mimbale : oui, depuis 1h qu’on est là. On ne nous sert que du poulet à la place de la pintade.
– Le gars : non mais, vous avez de la pintade. Oui ou non ?
– Le chef cuisinier : mais c’est de la pintade comme indiqué sur la carte.
– Le gars : baliverne. Je sais distinguer la pintade du poulet, monsieur.

J’ai senti le danger être plus près.

– Le chef cuisinier : donc vous nous accusez de vendre du faux pour du vrai ?
– Le gars : exactement.
– La mimbale : oui, c’est bien le cas.
– Le chef cuisinier : veuillez vider les lieux, s’il vous plaît.

A ce moment, le danger était déjà là.

– Le gars : vous vous prenez pour qui ici ? Vous me connaissez ? Vous savez qui je suis ? Vous…

Il n’a pas terminé sa phrase que j’ai entendu un bruit assourdissant : wabaaa ! Je me suis levé pour voir de plus près ce qui se passait. C’était les doigts du chef cuisinier qui venaient d’attérir sur la joue du gars. La claque !

A ce moment, j’ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors pour vérifier. C’était un numero inconnu.

– Moi : allô ?
– L’interlocuteur : oui, allô. C’est bien Guillaume ?
– Moi : oui, c’est bien lui.
– L’interlocuteur : c’est Octavia. Je t’appelle comme promis.

Enfin, c’est elle. J’ai compris que la chance venait de tourner, que j’avais un autre spectacle en vue. Peut être serais-je même l’acteur principal hein ?

Bien à vous !


Des filles et de la vantardise

Jeudi, il est 7 h 30. Me voici empilé dans un bus Rakieta en direction de Kara. Mince ! 410 km d’inconfort hein ?

Devant moi deux dames kotocoli, le cure-dents dans la bouche, mais bavardes comme deux adolescentes pré-pubères, et un monsieur balafré, qui s’y mêle de temps à autre, sans doute, un Kabyè. Comment je sais ? L’expérience !

Assis directement derrière eux, j’étais à l’extrême gauche, à l’extrême droite, il y avait un jeunot mignon comme le soleil à midi. Au milieu de nous deux, une demoiselle, belle comme la Citroën qu’aurait gagnée notre Miss Kpévica, Stéphanie du Bois si elle n’avait pas dit ce que nous savons tous (première dauphine du concours Miss Togo 2015). Tout le long du trajet, elle avait le visage fermé et la tête plongée dans son téléphone. Moi, j’avais compris qu’elle ne voulait pas être dérangée, mais l’autre gars à sa droite semblait ne pas décrypter les signes d’un volcan verbal mis en veille.

10 h 10, premier arrêt à Agbonou, Atakpamé. Pendant que les autres passagers se précipitaient pour descendre, le gars voulant profiter de l’absence du regard des passagers se retourna vers la fille pour engager la discussion.

Lui : bonjour ma chérie.
Elle : bonjour. Il y a quoi ?
Lui : je voulais…

Il n’a pas fini sa phrase que la demoiselle répliqua.

Elle : tu me veux quoi ? On se connaît ?
Lui : … (silencieux)
Elle : alors tu ne parles plus ?
Lui : excuse-moi.

Euye ! Douche froide hein ? Avant que je ne retourne la tête pour prendre connaissance de la situation, le gars est descendu du bus à la vitesse de la lumière. Je l’ai vu s’acheter un papier mouchoir et s’essuyant ces quelques gouttes de sueur sur le front provoquée par la chaleur du volcan sortie de la bouche de la fille.

10 h 20, reprise du trajet. Pendant que mes écouteurs me servaient « ça fait mal » de Singuila, j’ai pensé à la honte que la demoiselle venait de mettre sur le genre masculin. C’est quelle vantardise ça ? Ma fierté de digne fils d’Aného s’est vu écorchée. J’ai senti ma salive âcre, j’ai eu un goût de tristesse. Mon ego m’a susurré « tu vas laisser faire ça » ?

14 h 10, second arrêt à Sotouboua. Moment de vengeance.
La fille est descendue comme tous les autres passagers en quête d’un peu de soulagement. Soit au niveau de la gorge sèche, soit au niveau du ventre creux, soit au niveau des fesses chauffées par le nylon du siège, soit au niveau des muscles du genou contracté. Je me suis dirigé vers elle…

Moi : vous êtes jolie.
Elle : merci. Je sais. Et puis quoi ?
Moi : bien le bonjour.
Elle : bonjour.
Moi : comment vous ressemblez à Cina Lawson comme ça ? C’est une proche ?
Elle : la ministre du Commerce ?
Moi : non. La ministre des Postes et de l’Economie numérique. D’ailleurs, elle a lancé le concours sur les applications innovantes togolaises le 1er septembre dernier. Et ça court jusqu’au 15 novembre 2015.
Elle : aaaaaaaaaaah. (avec un air d’étonnement)
Moi : oui. Alors c’est une parente à vous ?
Elle : non, pas du tout.

14 h 20, reprise du trajet. Nous sommes montés dans le bus pour les dernières minutes du voyage. J’ai remarqué qu’elle me fixait par moments. A peine j’ai tourné mon regard vers elle qu’elle me tendit la main. Pendant que j’empoignai sa main pour la saluer, elle engagea la discussion.

Elle : on m’appelle Octavia. Je suis responsable suivi et évaluation à Plan-Togo, consultante auprès de Ogar assurance.
Moi : je suis Guillaume. Juriste de formation, et blogueur.
Elle : Guillaume Djondo ?
Moi : … (j’esquissai un sourire, puis je hochais la tête pour acquiescer)

Je ne lui ai pas laissé le temps de continuer la discussion. J’ai mis mes écouteurs. Je me délectais du morceau « feel this moment » de Pitbull feat Christina Aguilera, puis « feeling myself » de Will _I_Am feat Miley Cyrus au rythme des secousses du bus traversant la ville de Bafilo lorsque je fermai les yeux pour je ne sais combien de temps. Brusquement, j’ouvris les yeux parce qu’elle me tapait l’épaule pour me dire qu’on est arrivé.

15 h 5, descente du bus à Kara.
Pendant que je cherchais mon sac, Octavia vint vers moi.

Elle : c’est bien toi ? Wow !
Moi : c’est La Plume parlante en personne.
Elle : on peut échanger nos contacts ? J’adore lire toi, Roland, Edem, Aphtal, Renaud, Cédric, Cyrille et David.
Moi : excellent.
Elle : et l’autre là Salaud quelque chose. Tu le connais ?
Moi : Salaud lumineux ? Wence ? C’est un pote.

Puis je lui rendis ma carte de visite. Elle fixa la carte et m’apostropha.

Elle : community manager ? Qu’est-ce que c’est ?
Moi : appelle-moi. On en parlera autour d’un dîner.
Elle : je t’appelle dès que je rentre. Je t’appelle hein… Okay ?
Moi : au plaisir !
Elle : à toute à l’heure.

Pendant que je cherchais un visage responsable parmi la horde de zémidjan qui m’envahissait, l’autre gars couru vers moi.

Lui : djo, comment tu as fait ?
Moi : gars, on ne drague pas une fille comme on mange la canne à sucre. Il faut y aller avec une délicatesse aiguë, une indifférence momentanée, un diktat marquant et un tact pointilleux.
Lui : noooooooooon, djo tu es trop fort.
Moi : seul Dieu est fort.

Je montai sur un zem. Puis, je remis mes écouteurs qui me servaient « m’kpayé » de Snaky da future.

Bien à vous !