Guillaume DJONDO

Miss Togo : « ancienne sort, nouvelle reste »

Crédit : facebook.com/pages/Misstogo/
Crédit : facebook.com/pages/Misstogo/

A part la présidentielle, l’autre élection qui fait grincer des dents, c’est l’élection dite de la fille la plus pétrie d’intelligence et de beauté du Togo, Miss Togo. Un scrutin organisé par des vieillards aux tempes grisonnantes.

Que le titre de ce billet ne vous paraisse pas étrange comme l’annonce sur un plateau de télévision que Robert Mugabe lui-même déclare autoriser la légalisation du mariage gay dans son pays. Il n’a rien de mystérieux encore moins d’énigmatique, ce titre. Attendez que je vous rafraîchisse la mémoire.

Vous vous rappelez quand on était enfant… on avait l’habitude de manger du riz, du couscous, du spaghetti ou de la pâte et parfois on constatait que nos repas étaient souvent servis avec un certain déséquilibre, quelques grammes de moins que celui de notre frère. Surtout, il n’était pas question de se permettre une réclamation auprès de notre mère ? Sinon la claque ? On se lançait dans cette compétition « ancien sort, nouveau reste » qui consiste à trouver de vous deux, vous et votre frère ou ami, celui qui mange le plus vite. Ça ne s’arrête pas là. Ensuite, libre à ce dernier de manger dans le plat de celui qui n’a pas réussi à finir son plat en temps record.

Le premier qui finit le sien a le droit de manger chez l’autre qui est à la traîne. Ce jeu a quelque chose de malsain, il autorise celui qui veut être premier à déployer toute son énergie, comme dans un combat de boxe où vous avez pour adversaire Mike Tyson, pour vite finir son plat de sorte à se délecter de celui de votre second.

Il y a une certaine similitude avec la messe de la beauté togolaise qui par excellence permet annuellement de choisir une reine communément dénommée Miss.

Contrairement à l’année dernière où je m’égosillais dans l’idée qu’il faut être dans le secret des dieux pour savoir sur quels critères les organisateurs de la messe de la beauté togolaise nomment la Miss, cette année j’ai découvert comme beaucoup de Togolais qu’il suffit d’être une ancienne candidate récidiviste pour être retenue. D’où le rapprochement avec l’idée d’être une ancienne qui est consacrée Miss et d’une nouvelle candidate qui occupe la place que cette dernière laisse. L’ancienne qui sort, c’est celle qui est couronnée. La nouvelle qui reste, c’est celle qui garde la première place sur la liste d’attente des candidates de l’année suivante. C’est-à-dire que la première dauphine de l’année 2013 a été désignée Miss Togo 2014. La jurisprudence a été confirmée par la désignation de la première dauphine de l’année 2014 comme Miss Togo 2015. Comme vous pouvez l’imaginer on se demande déjà si la première dauphine de cette année n’est pas prédestinée à devenir la Miss Togo 2016. Est-ce qu’on est pour autant des voyants ou des sorciers ? Mais non. On est juste plus intelligent que ces organisateurs qui pensaient que nous ne découvrirons jamais leurs combines.


Quand la cupidité s’y mêle…

On soupçonne souvent ces organisateurs de désigner la plupart des filles en contrepartie de coups de reins. Mince ! Je m’égare. Malgré les critiques et les opinions négatives, les concours de beauté ne cessent d’’attirer les jeunes filles. Il y en a de plus en plus avec des noms tout aussi biscornus que ceux de leurs pommades et saugrenus comme ceux de leurs mèches. Si ce n’est Miss vierge, c’est Miss plage, c’est Miss vacances, c’est Miss ronde ou Miss discothèque.

Pour celles qui y participent, c’’est l’’occasion rêvée de tenter de se démarquer et de se faire remarquer, d’’une manière ou d’’une autre, qu’importe le prix. Comment peut-on encore accepter au XXIe siècle de s’exposer in « naturalibus » en pleine place publique devant le regard appétissant d’un public n’attendant que de saliver sur votre nudité et d’un autre n’attendant que de jeter une pluie d’injures sur vous ?


Lorsqu’’elles sont interrogées, certaines candidates confient vouloir ne servir que des causes nobles. Balivernes ! C’’est un moyen pour elles de se faire un nom, de se faire quelques contacts et de profiter des privilèges et avantages associés aux couronnes.

Il y a une intoxication tant intellectuelle que sociale véhiculée par l’idée d’offrir par le biais d’un concours une aisance aux filles. Ce qui oblige ces dernières à plonger dans la dépigmentation, le zèle sexuel, la soumission pour plaire avant tout aux promoteurs, aux organisateurs et ensuite aux spectateurs, aux téléspectateurs.


Quand la passion et les réseaux sociaux s’y mêlent…

Dans cette élection de Miss Togo, il y a eu un débat on ne peut plus désagréable sur les réseaux sociaux notamment Facebook et Twitter. Déjà après la présélection, il y avait un bourdonnement autour de la page Facebook du comité Miss Togo. Un avant-goût ! Un babillage de commentaires autour des photos des candidates. Des commentaires parfois tendres, parfois méchants. Ce n’est pas la cérémonie elle-même qui pouvait en faire exception. Les prestations médiocres des candidates ont définitivement sacralisé l’intention des internautes.  

Il y a même eu des faux comptes spécialement créés pour l’occasion. Et derrière ces comptes, des personnes certainement à la moralité douteuse. (https://twitter.com/misstogo2015)

Ceux-là qui n’aiment pas comprendre, qui essayent de ne pas suivre la foule, se perdent dans des théories conspirationnistes ou « complotistes » dont l’enchevêtrement complexe est à la hauteur de leur pseudo lucidité. Et plus ils interagissent sur les tweets ou les statuts, plus ils ne réfléchissent plus, plus ils débitent des absurdités frisant même l’insulte, et plus les internautes se disent victimes de la plus brillante manipulation de tous les temps. Celle qui n’autorise aucune critique, qui n’a de limite que dans le musellement.

Avec la désignation de l’ancienne première dauphine, doit-on comprendre qu’en un an on n’a pas trouvé une fille qui pouvait faire mieux qu’elle ?

Ce billet n’est ni une semonce ni une admonestation. Il relate juste un constat fait par un simple citoyen devant et sa télévision et son téléphone. Après tout, qui suis-je pour faire des sermons ? Est-ce que je résisterais à l’idée de faire d’un concours national un héritage personnel annuel ? Est-ce que j’ai déjà tenu dur comme un concombre un projet de grande envergure nationale ? Que nenni.

Bah, oui, qui va se négliger dans cette vie misérable et si courte ? Ce n’est pas moi. Encore moins Baka et tout le comité derrière l’organisation du concours.

En attendant, l’ancienne est sortie, la nouvelle est restée. On en fait quoi ? On s’entraîne avec ses hanches non ?

Bon mois de septembre à toutes et à tous.

Bien à vous !


L’aisance, la bienséance et la méfiance

Crédit : pratique.fr
Crédit : pratique.fr

Bien le bonjour cheres lectrices et chers lecteurs,

Petit, mon père me disait souvent que l’Afrique est un continent mystérieux avec des hommes malveillants. Qu’il faut limiter au maximum ses fréquentations parce qu’il n’y a pas plus cruel que l’homme. On prenait ça pour de l’effronterie et de l’exagération. Mais de façon cruelle, c’est le temps qui lui a donné raison.


Entre évidence et réalité…
Déjà sur les bancs, il y avait une certaine méchanceté gratuite qu’on a connue venant de nos camarades. Des coups tordus comme la disparition soudaine de nos portefeuilles, de nos téléphones, de nos ordinateurs à l’heure de sport ou des travaux manuels. Des camarades brillants qui tombaient malades en pleine année scolaire et qui en raison de la gravité de leur états de santé, ne finissaient pas l’année scolaire.

Il me souvient de ce camarade Bruno qui nous mâtait correctement en mathématique et en physique, avec qui je rivalisais en anglais et en français, qui est tombé malade une semaine avant le début des examens du BAC et qui n’a pas pu composer pendant trois ans parce que souffrant subitement d’une fièvre typhoïde inguérissable. Ce n’est que lorsque j’étais en train de terminer ma licence en droit que je l’ai croisé dans une longue queue à la direction des affaires académiques et de la scolarité, venant s’inscrire en première année de mathématique à l’université.

Il me souvient aussi de la fille de ma voisine grosse comme une patate qui est subitement tombée malade et qui a radicalement maigrit. Au départ, nous avions tous cru qu’elle avait choppé une de ces MST et qu’elle avait le sida. C’est avec le temps passé dans une église, puis dans leur village à Bassar et avec les recoupements de ses parents, qu’elle a été reconnue comme étant victime de sorcellerie. En réalité, il s’est avéré que la fille en question, âgée de 19 ans, a tapé la petite fille de 6 ans d’une locataire et que pour se venger, cette dernière, la locataire, lui a donné de la sorcellerie. De sa confession, elle disait voyager la nuit et manger avec difficulté les repas qu’on lui offrait. Puisqu’elle se privait de nourriture volontairement dans le monde spirituel, elle commençait à en subir les effets dans le monde physique. Interrogée, la locataire a bien évidemment nié jusqu’à ses dernières heures sur un lit de moribond. Elle a avoué lui avoir mis quelque chose dans un plat pendant la période de fin d’année où tous les voisins s’échangent de la nourriture par courtoisie.


Entre peur et repli…
En grandissant, ce que nous considérions comme utopique a commencé par prendre corps, devenir une évidence. Certains de nos amis et frères qui commençaient à s’accomplir petit à petit avec un boulot stable, un foyer, étaient subitement frappés par des incidents funestes. Je ne vous raconte pas encore l’histoire de ce copain qui a passé 5 mois dans un état comateux après s’être fait empoisonné à l’anniversaire d’un de ses amis. Et je refuse de croire que c’est de la volonté de Dieu d’arracher des gens dans la fleur de l’âge à leur parents occasionnant des chagrins incommensurables. Je vous raconte tout ça parce que nous sommes dans un monde impitoyable avec des monstres froids qui rigolent à belle dent avec nous mais qui au fond nous détestent. Parce que pour une énième fois j’ai perdu un frère qui après avoir galéré pendant pratiquement trois années à la maison a commencé à travailler dernièrement. Son dynamisme lui a valu l’estime de son patron. Il était l’homme à tout faire de la boîte. Il était la personne ressource pour les missions et les prospections. Par un malheureux incident, il se retrouve depuis quelques jours à la morgue. Lui, fils ainé de ses parents, qui à 28 ans quitte la maison un matin et n’y reviendra plus jamais.

Il y a 10 ou 20 ans l’adage « ce sont les enfants qui enterrent leur parents » avait tout son sens. Ce n’est plus le cas actuellement parce que nombreux sont les parents qui enterrent leurs propres enfants de nos jours. Et c’est des plaies qui ne se cicatrisent jamais. Qui ne guérissent aucunement avec le temps. C’est tellement de douleur et de chagrin, un vide que rien ni personne ne peut combler.

Je ne sais plus dans quel état je suis en vous écrivant ces lignes mais, je sais que mes larmes qui coulent sont consécutives à la profonde tristesse qui m’anime depuis quelques jours. Tellement nous nous battons pour être dans l’aisance qu’à peine nous commençons à jouir de quelques fruits que certaines personnes aiment à venir nous couper les herbes sous les pieds. Tellement nous faisons l’indolent et l’éclectique que certaines personnes aiment à nous tricher et à prendre plaisir à nous marcher dessus. Tellement nous cherchons à être justes et bons que les mauvaises personnes profitent de la première occasion pour nous ôter la vie.

Tout ça fait froid dans le dos, fait terriblement peur et ne laisse pas indifférent. On gagne quoi à ôter la vie à son prochain ? On gagne quoi à faire du tort à autrui ? On gagne quoi à tricher les autres ?

C’est des questions existentielles que je me demande si nous nous posons parfois.

Beaucoup de personnes dans notre entourage ne comprennent pas pourquoi nous sommes méfiants, réservés et discrets. Ce n’est pas du tout étrange. C’est la seule forme de prévention que nous ayons trouvé dans ce monde où on ne sait plus qui est qui, et qui fait quoi.

Puisse le père céleste accepter nos amis et proches à sa droite dans son royaume. Et puisse-t-il pardonner à tous ceux qui dans la chaleur de l’ombre cherche à nous causer du tort.

Bien à vous !


La vie…

Crédit : atenaphotospassion.eklablog.com
Crédit : atenaphotospassion.eklablog.com

La vie…
C’est de l’amour un matin,
Et des larmes un soir,
Des disputes et des câlins,
Pour finir par broyer du noir.

La vie…
C’est beaucoup de doutes,
Et peu de certitude,
Des expériences qui envoûtent,
Pour du sourire dans les habitudes.

La vie…
C’est des réconforts inconnus,
Et un friselis sans importance,
Des bouleversements au début,
Des moments sans espérance.

La vie…
C’est tellement d’attente en vue,
Et aucune manifestation,
Des regrets, du temps perdu,
Pour un nouveau départ sans passion.

La vie…
C’est des rêves utopiques,
Et des réalités surprenantes,
Des envies mélancoliques,
Pour des histoires étonnantes.

La vie…
C’est des débuts difficiles,
Et des efforts outre mesure,
Des résultats perceptibles,
Pour du bonheur sans murmure.


D’école et de commerce

Crédit : lematin.ma
Crédit : lematin.ma

Face à surpopulation de nos facultés, nombreux sont ces professeurs, ces inspecteurs de l’éducation à la retraite, ces anciens doyens de faculté ou ces personnes dans les activités libérales qui s’associent pour ouvrir des écoles ou instituts privés. Ces établissements parallèles désengorgent les deux universités publiques que nous avons au Togo. Celle de Kara et celle plus prestigieuse autrefois, devenue notre fameuse brousse, l’université de Lomé.


Puisqu’il faut enseigner…

Il suffit d’y faire un tour pour se rendre compte que la majorité des têtes que vous verrez sont à la fois celle des professeurs et des étudiants qui se connaissaient ailleurs. En effet, ce sont les mêmes professeurs qui viennent dispenser les mêmes cours à quelques différences près au même auditoire. Ce qui paraît inaccessible dans les universités publiques est accessible dans les écoles ou instituts privés. La relation entre le corps enseignant et les élèves est presque fraternelle ou familiale. Les étudiants se sentent plus proches de leurs professeurs. Ils peuvent leur poser autant de questions qu’ils veulent, s’incruster dans leur quotidien, leur soumettre des rédactions de sujet que ceux-ci leur corrigeront… etc.

Tout ceci n’est pas vraiment envisageable dans les universités publiques parce que là-bas, les professeurs donnent toujours l’impression d’être pressés et méchants. Cette intimité et complicité qui naissent dans les écoles privées si elles tendent à faciliter la compréhension des cours sont source de nombreuses bavures. Entendez par bavure ici, la facilité que ces professeurs ont à draguer leurs étudiantes, à leur accorder des notes qu’elles ne méritent pas. Cette intimité fait également naître un certain favoritisme du côté des garçons qui savent bien servir. N’ont pas de bonnes notes ceux qui produisent un devoir sans erreur mais ceux qui s’entendent bien avec certains professeurs. Ceux qui s’approchent facilement de leurs enseignants, leur rendent des services de temps à autre et qui nouent une certaine affinité avec ces derniers. De sorte qu’à chaque début d’année la concurrence est toujours rude parmi de nombreux candidats qui se proposent au poste de délégué de classe.

Je n’ai jamais compris l’intérêt d’être délégué d’une classe et de passer 2 heures sur 3 heures  de cours en dehors de l’amphithéâtre à prendre des informations pour les camarades. Je n’ai jamais saisi l’importance de rater des cours pour suivre des réunions de délégués. Je n’ai jamais été intéressé par ces postes même quand les camarades me plébiscitaient en début d’année pour occuper le poste de délégué.

Si vous pensiez comme moi que ce ne sont que de vulgaires postes sans importance, c’est que comme moi, vous avez été bien naïf et mécréant. C’est que vous n’avez pas vite compris que le poste de délégué n’est pas un poste fortuit, mais un poste stratégique. Ces derniers savent mieux que quiconque l’organisation et le fonctionnement de nos facultés, écoles et instituts. Ils sont les premiers à être informés de la tenue ou non des cours. Ils savent mieux vers qui se tourner en cas de difficultés académiques. Ils savent mieux quel professeur est bienveillant et généreux dans l’attribution des notes. Ils savent mieux que quiconque quel professeur les étudiants ne devraient pas se mettre à dos.

Ceci justifie pourquoi les petits mouvements de contestation sont vite étouffés, pourquoi nos délégués nous servent des versions imaginaires des représailles que peuvent engendrer des mouvements d’humeurs lors de l’affichage des notes, pourquoi même les étudiants insouciants et inconscients arrivent à valider des matières. Le favoritisme s’est installé dans ces écoles ou instituts. Il n’y a plus de doute là-dessus. Ce qui n’est pas intéressant c’est qu’on fasse de cette hideuse méthode, une politique commerciale, une politique de marketing et de communication. C’est ainsi que sans aucune honte bue, on l’annonce à qui veut le savoir que contrairement à telle ou telle école, leurs étudiants ont tous validéleur crédits et vont en année supérieure.


Puisqu’il faut vivre d’enseignement…

Le favoritisme dont je parlais tantôt ne se déduit pas uniquement de la contrepartie des faveurs sexuelles des camarades étudiantes. Mais non ! Ça va bien au-delà. Pour étudier dans ces écoles aujourd’hui, il faut avoir des parents avec un compte en banque bien garni. . Autrement, vous finirez vendeur des derniers modèles de téléphone portable sous les feux tricolores du carrefour de GTA non loin de l’université de Lomé.

La motivation est on ne peut plus claire. Mais l’intention est au départ dissimulée parce que sombre, horrible, monstrueuse. Celle de générer des bénéfices, peu importe la catégorie d’étudiants qu’on a en face de soi. Comment expliquez-vous qu’on fasse sortir des étudiants en pleine évaluation pour n’avoir pas encore soldé la totalité de leur scolarité ? Comment expliquez-vous qu’on en arrive à déchirer leurs rabats parce que ces derniers opposeraient un semblant de résistance ? Comment expliquer tout ça si ce n’est faire primer l’intérêt pécuniaire au-dessus de l’intérêt académique ? Si ce n’est privilégier l’argent aux dépens de la formation qu’on est censé donner aux étudiants ?

C’est ainsi que dans ces écoles la scolarité pour une année d’étude varie entre 500.000 F CFA et 900.000 F CFA, soit entre 770 euros et 1385 euros pour le parcours licence. Entre 1.000.000 F et 2.000.000 F, soit entre 1540 euros et 3077 euros pour le parcours master.

Si vous pensez que les prix si élevés que vous devez payer seront à la hauteur du peu d’efforts qu’il faut fournir en classe pour réussir, c’est que vous n’avez encore rien compris. Le temps que vous compreniez, vous aurez déjà payé plusieurs fois le même prix pour revenir valider 2 ou 3 matières qui manquent pour que vous puissiez définitivement monter en année supérieure ou avoir votre licence. Si vous êtes plus malin, il vous suffit d’aller trouver le directeur des études et de lui fournir un bon montant pour qu’il augmente vos notes. A la rentrée, vous vous retrouvez en face de ces camarades plus brillants que vous. Eux, surpris de vous voir inscrit en année supérieure comme eux, vous tout souriant en pensant dans un coin de votre tête : c’est la poche qui parle les gars.

La politique de qui paie le plus est très prisée dans ces écoles. Au point où on a l’impression d’être parfois dans un commerce. Il y a de ces signes qui ne trompent pas. Vous constaterez que beaucoup d’étudiants ont été recalés sur certains sujets et qu’on leur programme pendant la même année une séance de rattrapage pour laquelle il faut payer à hauteur de 5.000 F CFA soit 8 euros par matière et par étudiant. Plus vous avez un nombre important de matières à reprendre, plus vous devez payer davantage. Les montants sont souvent fixés pour les matières dans lesquelles les évaluations sont faites à l’oral. C’est-à-dire en contact physique. Si vous n’êtes pas chanceux et que votre tête ne plaît pas à ce professeur, vous repasserez la même matière autant de fois qu’il l’aura voulu. C’est l’occasion rêvée pour faire des règlements de compte. Il n’y a donc pas de l’objectivité dans les critères d’évaluation orale si ce n’est pour faire plus de profit. Ceci est encore pire si on se tourne vers les étudiants en master. Ces derniers qui n’ont presque pas des directeurs de mémoire conséquents et qui font le poids en matière de suivi de leurs mémoires.

J’aime à penser que si vous voulez vraiment faire un master, il faut partir à l’étranger parce que la qualité des programmes et des cours dispensés sont de nature à susciter le doute. Je ne vous apprends rien du tout. Vos grand-frères et vos grandes sœurs ont déjà fait cette expérience. En plus d’avoir perdu de l’argent, ils ont perdu du temps pour un diplôme qui ne fait pas le poids sur le marché de l’emploi. Quelqu’un qui présente un master en droit de l’environnement obtenu à l’université de Nantes est préféré à celui qui a obtenu le même diplôme à l’université de Lomé.

Les responsabilités sont partagées. Vers qui se tourner quand on a soif d’étudier et qu’on vous annonce que la prestigieuse université de Lomé n’ouvre le cursus master que tous les deux ans ? C’est-à-dire après la fin de mandature de ceux déjà inscrits. Vous faites quoi en attendant ? Ils s’en foutent… Vers qui se tourner si au sein de cette même université vous passez l’audition pour vous inscrire en parcours marché public, que vous êtes retenus et qu’on vous annonce subitement après des mois d’attente et de silence, que le projet d’ouverture de cette option master en marché public est abandonné pour manque de financement suffisant ? Vous perdez gratuitement un an à la maison comme ça. Ça vous fait mal non ? Eux, ils s’en foutent… Autant de questions qui amènent à quitter le Togo pour étudier soit dans la sous-région : Sénégal, Cameroun, Gabon, Burkina Faso, Maroc, Algérie, Tunisie ou mieux directement en Europe.

Les parents qui se plaisent et se complaisent à payer des sommes faramineuses pour obtenir des faveurs académiques ne se rendent pas compte du danger que leurs enfants représenteront pour une société future où l’on prime l’excellence. Mais où est mon problème dans ça ?

Finalement, je crois qu’on va devoir tous se contenter du diplôme et non d’une formation de qualité.

Bien à vous !


Entre solitude et silence…

Crédit : lookfordiagnosis .com
Crédit : lookfordiagnosis .com

Entre solitude et silence…
Un enfant naît,
Un vieux meurt,
Un miracle est fait,
Une famille pleure.

Entre solitude et silence…
On fixe l’horizon,
Un nuage dessine l’avenir,
Se transforme en raison,
Afin d’en tirer du plaisir.

Entre solitude et silence…
Un rêve nocturne s’offre à l’écran,
Une chimère matinale pour gagner son pain,
Car pour se bâtir, il faut du cran,
Tant on ne sait, de quelle faim sera fait demain.

Entre solitude et silence…
Je pense à toi,
Et des larmes coulent,
Tu es loin de moi,
Mes yeux me le prouvent.

Entre solitude et silence…
Se manifeste notre impuissance,
Face à des cœurs qui saignent,
Une femme se vide de son sang,
Dans cette marre on baigne.

Entre solitude et silence…
Plus rien n’a de sens,
Dans notre monde,
Où tout est dense,
Pourquoi tant d’ombre ?

Entre solitude et silence…
Du matin au soir, c’est eau et rose,
Du chagrin, de la joie, pour tuer le temps,
Des histoires piquantes à consommer, à petites doses,
Et la mort qui nous surprend en un instant.

Entre solitude et silence…
On se retrouve seul dans un cercueil,
Les uns à pleurer, les autres à méditer,
Et quand des gerbes tombent à notre seuil,
On regrette ces instants évités.


Le beau, le bien et le brimé

Crédit : cenco.cd
Crédit : cenco.cd

Bien le bonjour à vous, mesdames et braves messieurs,

S’il est vrai que derrière chaque grand Homme se cache une femme, il est aussi vrai que derrière chaque méchant homme se dissimule une femme.


Par envie ou folie

Il est difficile de trouver des familles aujourd’hui dans lesquelles tous les enfants sont conçus pendant le mariage. Il y a forcément un des enfants qui est conçu hors mariage et qui est le fruit d’un accident sexuel quel que soit son âge. Un accident comme il en a existé et comme il en existe encore de nos jours. Les moins chanceux finissent avortons dans un sachet plastique. Les plus chanceux finissent dans un orphelinat. Et ceux ni chanceux, ni malchanceux, finissent dans des familles où ils ne sont pas très appréciés soit par leur propre père, soit par leur propre mère. Mais, ce dernier cas est souvent rare. Les femmes par le lien de l’enfantement sont très attachées à leurs progénitures.

Pendant qu’il était encore sur les bancs du lycée, il a mis enceinte une de ses copines par imprudence. Ils ont décidé d’en parler à leurs parents. Ces derniers n’ont pas accueilli la nouvelle avec tendresse. Diane, par crainte de perdre l’affection de ses parents a essayé d’avorter plus d’une fois. Mais à chaque fois, il tentait de la convaincre de garder l’enfant. Dans cette incertitude et dans l’indifférence généralisée de leurs familles respectives, Liam est né.

Des années ont passé, Liam a grandi. Son père aussi. Les vicissitudes de la vie ont arraché Diane tôt à ce monde. Avec le temps Modeste a épousé une autre femme et a eu d’autres enfants.

 

Par nature ou culture

Les relations entre Liam et son père se sont détériorées depuis qu’une autre femme est entrée dans la vie de Modeste.. Des accusations par ci, des punitions par là au point où Liam ne se retrouvait pas au sein du foyer. Modeste n’avait d’yeux que pour ses autres enfants et faisait tout pour eux. Sa belle-mère avait réussi à détruire le peu de lien père et fils qui restait depuis que la mère de Liam avait quitté ce monde. Liam commençait à manquer de confiance en lui. Il passait plus de temps dehors qu’à la maison. Il évitait son père qui ne manquait pas de le ridiculiser devant ses frères, leurs voisins et ses camarades de classe qui venaient travailler en groupe chez lui. Il était constamment triste à l’école, ses notes ont dégringolé. Il ne se reconnaissait plus. Il était plus intéressé par les sorties en boîte, les soirées d’anniversaire que les études. Lui, pourtant si brillant, autrefois.

Cette atonie et cette apathie de son père ont fini par avoir raison de lui. Trois jours après l’annonce des résultats du Bac II 2015, sa demi-sœur voulant jouer avec lui, l’a retrouvé pendu dans sa chambre.

La nouvelle de son suicide a fait le tour de mon quartier Adidogomé. Certains garderont de lui le souvenir d’un jeunot poli et toujours souriant. D’autres le souvenir d’un jeunot alcoolique et fêtard. Moi, je garde de lui le souvenir d’un enfant frustré ayant manqué de repère. Un enfant qui me battait aisément au basket. Un enfant dont le problème a été une absence d’affection. Un socle, un encadrement, une orientation, des principes et des choix mûris. Voilà pourquoi il s’accrochait à l’alcool et à ses multiples fréquentations.

La discrimination entre les enfants n’a jamais été aussi importante qu’en notre siècle. L’esprit de famille qui permettait de considérer les enfants sur un pied égal a volé en éclats. L’individualisme a pris le dessus dans nos faits et gestes. Certains parleront d’envoûtement du mari. D’autres d’imbécillité et d’irresponsabilité de sa part. Quoiqu’il en soit, l’esprit de famille qu’on connaissait dans les familles de nos grands-pères et grands-mères qui avaient 10 à 20 enfants doit être restauré. Soit ! Il en a va même de la survie de nos cultures et traditions. Celles qui ne mettaient pas de distinction entre les enfants, les femmes d’un même mari.

Morale de l’histoire : ne faites pas des enfants si vous n’êtes pas en mesure de leur offrir le peu d’humanité que vous avez en vous. Ils ne demandent que ça !

Bien à vous !


Vie d’étudiant togolais…

Crédit : cyrillenuga.mondoblog.org
Crédit : cyrillenuga.mondoblog.org

Bien le bonjour à vous,
Quand tu traînes trop avec les ami(e)s Camerounais hein ? Ton style change mais tu ne sais pas. C’est la corruption à la Biya ?
Tenez, quand j’étais étudiant (comme si je ne l’étais plus), un matin j’arrive au campus pour un cours à 7h.

Il y a un groupe d’étudiant coalisé devant le décanat. Massa ! Dans ma tête je me suis dit, ça y est les tranches sont sorties. Je marche un peu vers la foule. J’entends un étudiant dire : UTB adéwui est déjà plein. UTB adidogomé aussi. Moi, je vais à UTB caisse.

J’avais donc raison. N’est-ce pas que mon célibat a trop duré ? Je me suis dit, yes. Je vais couper la tête du serpent-ci, ce soir. Je sors mon téléphone, je compose le numéro d’Edwige. Ça sonne, elle ne décroche pas. Je compose encore. Elle ne décroche pas.

Je dis mouf. Elle fait sa maline. Je vais aller chercher mon argent. Si elle ne veut pas manger. Quelqu’une va manger.

Le sempiternel piéton devant l’éternel que j’étais, fait le calcul : campus – UTB Assiganmé. UTB Assiganmé – Campus. Campus – Adidogomé. (Je sais c’est loin. Mais, je veux vite prendre mon argent. C’est le mien. Je le prends où je veux. Ou bien ?)

Je refais le calcul mentalement. Mon égo me dit : « Petit, laisse ça. Tu fais campus – UTB Assiganmé, puis UTB Assiganmé – Adidogomé. » Je d’accorise.

Je prends donc un taxi. A ma grosse surprise que des étudiants. Je fais semblant. Les gars, c’est comment ? Avec un sourire prudent, ils me répondent en chœur. Tchalé, cool. On s’en va à Assiganmé ça. Moi : Ha bon ? Pourquoi ? Le plus petit m’a cubé : djo, toi-même tu sais…

C’est confirmé. L’argent est là. On arrive à UTB – Assiganmé. Mon téléphone vibre. Je le sors. Je vérifies. C’est Edwige qui me bippe. Je la rappele.

Moi : allô chérie. Ça va ?
Elle : oui et toi ?
Moi : oui ça va. On se voit au restaurant à côté de chez toi ce soir ?
Elle : oui, oui, oui.
Moi : à ce soir.
Elle : bisous.

Je me remets dans la queue. Mon tour arrive, je cherche mon numero de compte. Je ne trouve pas. Je fouille mon sac. Rien de rien. Donc je suis sorti sans ça ? Hein ?Heureusement, je l’ai enrégistré dans le brouillon de ma messagerie. Je donne le numéro. La dame tape. Elle me dit : monsieur, compte vide. Je lui dis : quoi ? Impossible (lire en anglais). Vérifiez encore s’il vous plaît. Elle tape encore. Là, elle m’a toisé : Compte vide, je vous dis.

Je sors discrètement de la salle. Avec un gros sourire comme pour faire croire aux autres étudiants que j’ai pris mon argent.

Je ne suis pas rentré à Adidogomé. Je suis reparti suivre mon cours kpooo. Au moins je n’aurais pas perdu toute ma journée. J’ai envoyé un sms à Edwige pour lui dire que j’ai attrapé une grippe. Elle ne m’a pas répondu. Pire, on ne s’est plus vu.

Vous savez, un étudiant à l’université de Lomé, un vrai, a toujours un compte en banque lisse comme la tête d’un chauve. Tellement qu’il a fait des calculs méticuleux dessus, ce compte est toujours vide 3h après qu’il ait appris que les tranches sont sorties.

Ce matin, une certaine Edwige m’a écrit sur facebook. « Guillaume comment tu vas ? Tu deviens quoi ? J’ai lu un billet qu’une de mes amies a partagé sur son mur. J’ai voulu voir qui en était l’auteur. En passant, joli costume sur ta photo avec Gerry. Il paraît que tu travailles avec les gars de Rfi maintenant ? On se voit quand ? Tu bois quoi ? C’est moi qui offre. »

Donc, c’est moi qu’on invite maintenant ? Hein ? C’est pas beau ça ?

Bref… Ça m’a rappellé un dîner que je n’ai jamais honoré. Et qu’un jour j’ai eu un compte vide à UTB.
Fructueux mois de Juillet et bon semestre à toutes et à tous.
Bien à vous !


Et le temps…

Un poème sur les caprices et les surprises du temps.

Et le temps,
Dans un hasard nous lie,
Fait naître un amour en silence,
A ses caprices nous plie,
Nous emporte loin des médisances.

Et c’est le temps,
Qui décide de nos tendresses,
S’assure de nos sentiments,
Corrige parfois nos maladresses,
S’intensifie dans le bruit du vent.

Et ce même temps,
Qui brise notre confiance,
Pourtant dès le départ intangible,
Nous révèlent nos différences,
Efface brusquement l’impossible.

Et en même temps,
Fait couler des larmes,
Bien ancrée dans nos peaux,
Dans un jet nous désarme,
Et nous éjecte de son bateau.

Et ce temps,
Qui s’égrène dans notre impuissance,
Défie notre ténacité,
Nous arrache à la convenance,
Puis, juge toute véracité.

Et le temps,
Demeure maître de notre destin,
En se défilant autour de nous,
Nous soumet à son festin,
D’un amour indéfectible nous enivre de nouveau.


De l’échec du système éducatif togolais

Crédit : senadjondo.mondoblog.org
Crédit : senadjondo.mondoblog.org

Un retour dans la faculté de ma jeunesse m’a permis d’établir un constat : rien n’a changé dans le paysage universitaire togolais. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Vendredi 12 juin 2015, après une rude journée et une semaine assez mouvementée, place à un peu de distraction. Me voici donc devant l’entrée de l’amphithéâtre 600, sur le campus universitaire de Lomé pour assister à l’élection de la fille la plus pétrie de beauté et d’intelligence de l’une des écoles ou faculté de droit de Lomé. L’occasion était bien particulière : c’était la dixième édition de miss « jus in pucra« .

Ce n’était pas un hasard, cette désignation s’inscrivait dans le cadre de la semaine de l’étudiant juriste, un prolongement de la semaine culturelle célébrée en grande pompe avec une foire universitaire. Un foutoir plutôt non, Eli ?

Entre déconvenue et contenu

Cela fait plus de 5 ans que j’ai quitté cette faculté pour les déboires qu’elle occasionnait et les sacrifices qu’elle nous faisait consentir sans porter des fruits satisfaisants. Pire, brillants que nous étions tous avant de mettre pied dans cette université affectueusement appelée brousse, elle nous donnait l’impression d’être des bêtes avec les mécomptes lors des résultats après les examens. On peut comprendre. Les bêtes vivent dans la brousse.

Y retourner ne m’enchantait pas particulièrement mais quoique je pense c’est une partie de ma vie qui s’est écrite là-bas. Que je le veuille ou non, mon passage à l’université ne pouvait pas qu’être joie, paix, abondance, bonheur. Il fallait aussi de la déception, de l’amertume, des regrets et des larmes pour maintenir l’équilibre. Il n’y a rien de plus biconvexe dans le monde que notre fameuse brousse. Je vous assure !

Après deux heures et demie de retard, je pouvais entendre depuis le parking où je lézardai que le spectacle allait commencer. C’est à ce moment que je me suis décidé à entrer dans l’amphi 600. Dès mon entrée, je n’ai pas fait grand pas avant de me rendre compte que malgré le décor impressionnant concocté pour la circonstance, l’amphi que j’ai connu était resté dans un piteux état.

Entre décadence et déchéance

Au fur et à mesure que je montais les escaliers je me rendais compte, avec les morceaux de briques, les sièges sans mousse, les tables sans bancs, le plafond s’égouttant par endroit, l’éclairage inexistant à certaines parties… de l’état cafardeux dans lequel se trouvait l’amphi qui a connu mes premiers pas au sein de cette noble faculté.

Le panorama que m’offrait cette escalade me rendait déjà triste à cause de certains souvenirs qui me sont revenus. Ces matins où nous quittions la maison à 4 heures 30 pour nous trouver des places pour les cours de 7 heures. Ces jours où nous ne suivions pas les cours parce que le micro ne fonctionnait pas. J’ai tout de suite ciblé un siège on ne peut plus confortable que je suis allé occuper avec les amis qui m’accompagnaient.

Crédit : senadjondo.mondoblog.org
Crédit : senadjondo.mondoblog.org

La présentation des membres du jury précéda la première sortie des candidates. Un intermède de quelques artistes et de comédiens nous a fait rigoler avant que les candidates ne fassent leur seconde et troisième sorties.

Il était question d’esquisser quelques pas de danse sur les rythmes du terroir togolais, puis à l’autre de donner des définitions ou du moins d’arguer sur certaines terminologies qu’on leur enseignait en cours. Des bribes de ce qu’on enseigne soit en introduction au droit, soit en droit de la famille, soit en droit constitutionnel, soit en droit des contrats.

A des questions comme : qu’est-ce que la constitution ? Qu’est-ce que le droit subjectif ? Quelles sont les causes de la nullité absolue du contrat ? Qu’est-ce qu’un contrat ? Quelles sont les causes de la nullité relative du contrat ? Qu’est-ce que la rétroactivité ? J’ai été surpris par le tâtonnement avec lequel la plupart des candidates répondaient aux questions. Pour la plupart qui était en deuxième année de licence, c’était injustifiable pour nous dans le public. Je pensais que c’était inadmissible jusqu’à ce que séance tenante, je me rappelle de cette date du 10 août 2010 où après affichage des notes, je disais à Cédric : « Gars, faut qu’on valide vite les matières et qu’on foute le camp d’ici ! »

C’était une phrase dite dans un moment de colère mais qui avait tout son sens parce que la passion qui nous animait avait laissée place à l’incertitude. Alors pour y remédier, on s’empressait de bosser nos cours rien que pour venir valider les matières. On ne trimait plus parce qu’on était passionné par le droit mais parce qu’on avait qu’une envie : capitaliser vite les 180 crédits de la licence pour dégager de cette brousse. Il faut être sacrément fort dans le mental pour s’inscrire dans cette faculté. Avoir un mental de résistance comme on dit. Aphtal l’a déja dit : c’est dangereux d’étudier-là.

Entre insouciance et conscience

A part les doyens qui se succèdent et la pédagogie qui change en fonction du dynamisme de ces derniers, la brousse reste la brousse. Pas d’urbanité au sein de l’université dans son ensemble, pas de nouvelles infrastructures pour désengorger les amphithéâtres, pas d’organisation esthétique autour des vieux amphithéâtres, pas d’allègement du programme universitaire, pas de nouveaux documents à la bibliothèque universitaire…

Ce n’est pas l’intellection qui manque dans notre brousse. Il y a des masturbations intellectuelles fréquentes entre six ou dix étudiants à huis clos sur des sujets brûlants d’actualités. Il y a des fécondations théoriciennes entre camarades après des séances de travaux dirigés. Il y a des démonstrations soporifiques et des raisonnements proéminents quelques fois.

Ni le système LMD, ni la démission de l’autorité, ni la réduction des allocations d’études n’ont empêché une partie des étudiants de finir passablement ou brillamment leur parcours. Je me rappelle de ces cours suivis avec fierté à la fenêtre avec d’autres camarades, de ces cours suivis avec enthousiasme dans les escaliers, de ces cours suivis dans les allées, et de certains cours que je n’ai même pas suivi faute de place à la fenêtre, dans les escaliers et dans les allées, et que je me suis empressé de recopier avant de rentrer.

Si on dénote une collusion entre le gouvernement et l’opposition aujourd’hui, il ne faut pas que l’échec du système éducatif togolais, l’indifférence notoire des autorités compétentes, l’inconfort dans lequel doivent se plonger les étudiants pour recevoir leur cours, le piètre état de la bibliothèque universitaire, découragent et plongent nos jeunes sœurs et frères dans la médiocrité.

La première chose pour qu’une formation universitaire ait pignon sur rue, c’est une prise de conscience individuelle. L’affermissement de son amour propre ensuite et enfin, la définition de certains objectifs à atteindre au gré des sacrifices. J’ose espérer que ces conseils serviront à plus d’un.

Bien à vous !